LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

1865 ● Naissance de Marthe Devuns

Marthe Devuns est née le 29 novembre 1865 au Crotoy (Somme), où ses parents passaient des vacances. Elle est la fille d’un avocat, Jean-Baptiste Devuns, et d’Anne Goyard, dont la famille possède le château de Cuncy, près de Villiers (Nièvre). Elevée à Cuncy à partir de 1873, elle veut d’abord devenir religieuse, mais la postulante ne s’adapte pas à la vie cloîtrée, ni chez les sœurs de l’Assomption, ni chez les bénédictines. Elle s’installe à Nevers en 1896, dans une maison située place Chaméane. Elle y vit cinq ans pour s’occuper d’œuvres charitables, visitant les pauvres, les malades, soignant les tuberculeux et s’occupant de l’apostolat des forains sous la direction de l’abbé Merle, le fondateur du journal La Croix du Nivernais. En 1902, elle quitte Nevers pour aller diriger le cours Bossuet à Auteuil (en 1884 elle avait obtenu son brevet supérieur). En 1906, sous l’influence d’une amie, Simone de Noaillat, d’une famille nivernaise originaire d’Entrains, elle devient conférencière de la Ligue patriotique des Françaises. Il s’agit de la première organisation massive de femmes (400 000 femmes en 1909) qui joue un grand rôle après la loi de Séparation des églises et de l’État de 1905. Pour soutenir l’action du clergé, les ligueuses s’occupent d’œuvres sociales et charitables, de retraites spirituelles. Marthe Devuns se lance dans l’action, fait des tournées de conférences, organise les comités locaux : c’est la véritable directrice de la Ligue, tout en menant une vie de religieuse, récitant son office chaque jour. En 1911, elle épouse, à 46 ans, le frère de Simone, Georges de Noaillat (1874-1948), avocat. La guerre survient, Marthe, qui avait son brevet d’infirmière, est envoyée en 1914 à l’hôpital de Clamecy. En 1919, son mari devient le directeur du musée ecclésiastique du Hiéron à Paray-le-Monial. L’année suivante, elle fait campagne pour l’institution de la fête du Christ-Roi qu’elle obtient du pape Pie XI en décembre 1925, et qui est toujours célébrée le dernier dimanche de l’année liturgique. Elle crée ensuite une Ligue du Christ-Roi. Victime d’un accident, elle meurt à 60 ans asphyxiée par l’oxyde de carbone d’un poêle à gaz.- JFL

 

Guy Thuillier, « Deux expériences spirituelles : Louise de Raffin et Marthe de Noaillat », Mémoires de la Société académique du Nivernais, t. 76, 1998-1999, p. 69-82 ; - ID., Les auteurs nivernais de 1815 à 1914, exposition, Bibliothèque municipale de Nevers, 17 septembre – 12 novembre 2005, catalogue Guy Thuillier, Nevers, Société académique du Nivernais, 2005, p.158.