L’année 1668 est marquée par plusieurs événements à Dijon.
Les états provinciaux s’y tiennent en janvier (on s’y plaint que le roi les ait avancés de quatre mois). Le don gratuit, l’impôt principal de la province atteint une somme de 1 253 000 livres, contre 1 103 000 livres en 1665 et 1 053 000 livres en 1674 (réduit à 900 000 livres), il est donc particulièrement élevé, dans une conjoncture économique difficile. Les états votent également un fond de 30 000 livres pour encourager les manufactures, écho de la politique de Colbert ?
Le mois suivant, dans le cadre de la conquête, sous les ordres du prince de Condé, du comté de Bourgogne, le roi Louis XIV passe par Dijon, le 8 février, pour aller, en personne, mettre le siège devant Dole. Le 10 il est sous les murs de la ville qui capitule le 14 février. Dijon, base arrière du front, dut faire envoyer des chirurgiens pour soigner les blessés et souffrit du passage des troupes.
La conquête éclair du comté de Bourgogne a eu lieu dans le cadre de la guerre de Dévolution (1667-1668) pour défendre les droits de la reine à la succession de son père, le roi d’Espagne Philippe IV. Des négociations s’ouvrent peu après cette première conquête. Au traité d’Aix-la-Chapelle, Louis XIV se voit reconnaître la possession des villes et forteresses conquises en Flandres, mais il restitue le comté de Bourgogne. Pour célébrer la paix, le roi ordonne qu’un Te Deum soit chanté à la Sainte-Chapelle.
En dehors de la présence royale, Dijon a subi, cette année là, d’une autre façon l’autorité de Louis XIV. Dans le cadre de la liquidation des dettes des communautés (ici de la ville de Dijon), l’administration municipale est transformée par l’arrêt du Conseil du 20 avril 1668 : il réduit le nombre des membres de la Chambre (6 échevins au lieu de 20) mais conserve le vicomte-mayeur, le procureur-syndic, le secrétaire, le receveur et deux prud’hommes qui ne seront plus élus tous les ans, mais seulement tous les deux ans. Les échevins ne représentaient plus une paroisse mais une catégorie sociale, essentiellement des gens de justice, professions libérales, marchands et « notables bourgeois ». Cette composition est demeurée inchangée jusqu’en 1789.
Archives municipales de Dijon, B 306, B 307 ; - Archives départementales de la Côte-d’Or, C 2997.