LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1418 ● Les Bourguignons reconquièrent Paris

Le duc de Bourgogne Jean sans Peur, en 1407, avait fait assassiner Louis, duc d’Orléans. Ce meurtre avait plongé le royaume de France dans la guerre civile. Le duc Jean, après avoir éliminé son rival, avait pris le contrôle du gouvernement royal qu’il domina à la faveur de la folie du roi Charles VI. Mais en 1413, en raison des violences exercées par ses partisans, il dut fuir Paris et perdit toute l’influence qu’il avait conquise, laissant la place à ses adversaires du parti d’Orléans (qu’on appelait aussi les « Armagnacs »). Dans les années qui suivirent, il tenta, à plusieurs reprises, de reconquérir militairement la capitale. Ainsi en février 1414 et à l’hiver 1415-1416. Mais ces tentatives furent vaines. À l’été 1417, avec une forte armée, il marcha de nouveau sur Paris. Il n’eut alors pas plus de succès que lors de ses tentatives précédentes, la ville étant fermement tenue par Bernard VII, comte d’Armagnac, son principal adversaire. Néanmoins, la conquête de plusieurs forteresses lui permit de placer des garnisons tout autour de Paris en attendant le moment favorable pour y entrer. Ce moment arriva à la fin du mois de mai 1418. Jean de Villiers, seigneur de L’Isle-Adam, un seigneur de la région parisienne qui s’était récemment rallié au parti bourguignon et occupait Pontoise, profita des accointances qu’il avait dans Paris pour en organiser la reconquête. Entrant secrètement en contact avec des Parisiens mécontents du gouvernement du comte d’Armagnac, il se fit ouvrir la porte Saint-Germain-des-Prés dans la nuit du 28 au 29 mai. L’irruption des Bourguignons dans la ville y jeta une grande confusion. Bien des Armagnacs, surpris par cette attaque nocturne, furent tués ou capturés ; certains toutefois parvinrent à s’enfuir, notamment le prévôt de Paris, Tanguy du Châtel, un fidèle du parti d’Orléans, qui entraîna dans sa fuite le dauphin Charles, futur roi Charles VII. Dans les jours qui suivirent, des émeutiers massacrèrent beaucoup de ceux qui avaient été emprisonnés. Les victimes les plus notables de cette tuerie furent le chancelier de France Henri de Marle et le comte d’Armagnac lui-même. Le duc Jean sans Peur, qui était en Bourgogne au moment où ses gens de guerre reprenaient Paris, se mit en route et, en compagnie de la reine de France Isabeau de Bavière, son alliée, fit son entrée dans la ville le 14 juillet 1418. Il put dès lors reprendre l’entier contrôle du gouvernement royal.

Bertrand Schnerb, Jean sans Peur : le prince meurtrier, Payot, 2005, 824 p., pl. (« Biographies Payot »).