Le Mal des ardents, histoire d’une épidémie et de sa gestion

Commission des sciences

Parmi les fléaux qui s’abattent sur la population au Moyen-Âge, un est nommé « Mal des ardents » ou « Peste des extrémités » qui peut atteindre tout un village. Il s’agit d’une intoxication alimentaire due à un champignon, parasite des céréales, essentiellement du seigle mais aussi du blé et de l’orge. Cette « peste des extrémités » causa, par crises, de très nombreuses victimes. Le responsable est un champignon du groupe des ascomycètes qui comporte entre autres Claviceps Purpura ou ergot de seigle, car le seigle est la céréale le plus souvent concernée. La responsabilité directe du champignon ne fut reconnue qu’au XVIIIe Siècle.

Lors des étés humides, les récoltes sont peu abondantes et les grains sont parasités, le champignon étant favorisé par ces conditions atmosphériques. Les épis montrent alors un ou deux ergots noirâtres qui dépassent les grains mais ils seront consommés en totalité. C’est évoqué par le nom d’ergotisme donné à la maladie.

Parmi les saints invoqués, Saint Antoine a une histoire particulière. Égyptien, il fut un des premiers chrétiens. Il se retire au désert pour vivre en ermite et peut-être fuir les querelles qui agitent l’Église du temps. Dans son ascèse, il se nourrissait peu, de pain rassis peut-être contaminé. Ses reliques, objets d’un culte en mémoire de sa grande piété et de son ascèse exemplaire, sont transportées à Alexandrie et ensuite à Constantinople, pour fuir l’invasion musulmane. C’est là que l’empereur Romain IV Diogène, aurait donné ces reliques à Jocelyn de Montagne seigneur dauphinois venu à son aide pour lutter contre les turcs. Lorsque ce dernier rentre chez lui en 1070, son fils est frappé du mal des ardents. Le contact des reliques aboutit à sa guérison immédiate. Depuis cette révélation des vertus des reliques de Saint Antoine, les malades affluent.

Devant le succès se crée une fraternité laïque « les Antonins » et une « domus elemosinaria ». Sont organisés là des soins et un hébergement des malades à qui on propose de la nourriture fraîche. Ceci bien sûr participe pour beaucoup à la guérison en supprimant inconsciemment le seigle contaminé. La fraternité sera érigée en ordre en 1297. Elle répandra ses soins dans toute l’Europe, en construisant des commanderies, y compris près de Dijon.

Le culte de Saint Antoine sera très important avec une iconographie très abondante. La maladie se raréfiera avec l’arrivée de la pomme de terre. L’ordre fut dissous et ses bien attribués à l’Ordre de Malte en 1776.

La chimie contemporaine mettra en évidence plusieurs alcaloïdes utilisés comme médicaments. Cela ira jusqu’au LSD, « acide » des époques Hippies.

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