LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1668 ● Union du comté d’Auxerre aux états généraux de Bourgogne

La Bourgogne est une entité administrative complexe comprenant la Bourgogne ducale et des « pays adjacents » dont le comté d’Auxerre qui avait été donné, au traité d’Arras (1435), par le roi de France à Philippe le Bon, sans union judiciaire (les habitants du comté continuèrent à relever du parlement de Paris) et avec une union financière partielle : les états de Bourgogne fixaient le montant des impositions, mais l’administration fiscale (l’élection) qui les répartissait et les relevait jusque là, demeura en place.

Si le rattachement judiciaire à Paris a toujours été bien accepté, la situation en matière fiscale était controversée. Les Auxerrois se plaignaient de ne participer ni à la fixation du montant des impositions ni aux autres décisions fiscales des états et de les subir. Les états de Bourgogne étaient réticents à accueillir le comté d’Auxerre tant que l’élection subsistait et les privait de gérer le maniement de l’impôt.

Plusieurs tentatives de rapprochements avaient déjà échoué aux XVIe et XVIIe siècles. En 1666 le maire et les habitants d’Auxerre portèrent plainte contre des malversations des membres de l’élection (les élus). Après une enquête confiée aux états de Bourgogne, une nouvelle répartition de l’impôt fut décidée en 1667. Le processus de réunion était ouvert à nouveau. Grâce au soutien de Colbert, marquis de Seignelay (voir l’article sur l’érection de Seignelay en marquisat), du prince de Condé, gouverneur de la Bourgogne et de l’intendant Bouchu, un projet de traité fut établi en 1668 par les états de Bourgogne. Proposé aux états du comté d’Auxerre, le traité fut ratifié en mai 1668 et Louis XIV signa l’édit d’union en août 1668 « pour les finances seulement ». Le comté d’Auxerre était désormais représenté aux états de Bourgogne, sa capitale députait dans la grande roue, parmi les principales villes de Bourgogne. Un édit de suppression de l’élection (août 1668) complétait l’édit de réunion : il ne fut jamais complètement appliqué, les offices (sans grandes prérogatives) ont survécu jusqu’à la Révolution.

Guillois (André), « La fin d’un pays « adjacent » : l’union du comté d’Auxerre aux états de Bourgogne », Annales de Bourgogne, t. 33, 1961, p. 5-26 et p. 65-87.