LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1921 ● Naissance de Romenteau et Vieillard, Normaliens

Entend-on encore, dans notre mémoire collective, l’horrible bruit de la salve qui abattit le 7 mars 1942 quatre Normaliens à Dijon ? Leur tombe, au carré des Patriotes du cimetière des Péjoces, n’est plus guère fleurie… Ils s’appelaient René Romenteau et Pierre Vieillard, nés en 1921, René Laforge et Jean Schellnenberger, nés en 1922. On vint les arrêter dans la classe où ils apprenaient leur métier de maître d’école. Leur crime était d’appartenir à un groupe communiste repéré par la police française et d’avoir distribué des tracts anti-allemands.

Les autorités d’occupation voulaient faire un exemple à la suite d’un attentat, le 10 janvier, au Soldatenheim, le foyer du soldat situé place du Théâtre à Dijon, qui n’avait provoqué aucune victime. Peu après, un soldat avait été tué et un douanier blessé en Saône-et-Loire, sans rapport avec l’affaire dijonnaise. Un premier attentat à Dijon contre un officier en décembre 1941 avait déjà provoqué la mort de dix otages communistes. La sentence du tribunal est sans appel : « En représailles de ces lâches assassinats, l’exécution d’un certain nombre de communistes et juifs, considérés comme solidaires des coupables a été ordonnée. »

Les quatre Normaliens sont autorisés à envoyer une lettre à leur famille. René Laforge écrit : « Vous direz à mon Directeur d’École normale que je suis mort courageusement, comme il sied à l’homme qu’il avait formé. […] Je regarde la mort en face et je n’ai pas peur. » Ils tombent bravement, avec un jeune ébéniste, Robert Creux, frère d’un résistant communiste en fuite. Ils sont déclarés « Morts pour la France » à titre posthume en 1945. Un monument dans le hall d’accueil de l’ancienne École normale d’instituteurs de Dijon rappelle le souvenir des Quatre Normaliens. – DHV

 

Louis Coiffier, Notre Cœur saignant… : à la mémoire des Quatre Normaliens fusillés par les Allemands, Hommage liminaire de M. André Lamalle, leur professeur, Dijon, Syndicat des instituteurs et institutrices, section de la Côte-d’Or, 1945, 109 p., ill. de Jean François.