LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1816 ● Naissance de Marguerite Boucicaut, « grande dame de bien »

Née à Verjux (Saône-et-Loire), dans une famille pauvre, décédée richissime à Cannes en 1887, la vie exemplaire de Marguerite Guérin rejoint la fiction des feuilletons populaires du XIXe siècle. « Montée » à Paris, après quelques petits métiers, elle ouvre un « bouillon », restaurant à bon marché rue du Bac, que fréquente Aristide Boucicaut, chef de rayon d’une boutique de nouveautés dans le même quartier. Faute de ressources suffisantes, ils se mettent en ménage. Elle suit alors toutes les étapes de l’ascension sociale de son mari, fondateur des grands magasins « Au Bon Marché » en 1870 et prend discrètement part à toutes ses initiatives et les complète par une action philanthropique d’envergure.

L’influence de ses origines l’ayant rendue sensible au sort de ses employées, souvent « débarquées » comme elle à Paris, Marguerite Boucicaut créée des chambres et des logements confortables à des prix modestes et, pour tout le personnel, une caisse de prévoyance alimentée par les bénéfices de l’entreprise. À la mort de son mari, en 1877, elle assume la direction du magasin avec son fils unique. Mais sa disparition, peu après, la conduit à créer une Société, transformée en 1886 en Société civile du Bon Marché, pour s’assurer de la pérennité de l’entreprise. Désormais, elle partage son existence entre le château de L’Haye les Roses et sa propriété de Cannes. Unanimement et sincèrement regrettée, des funérailles grandioses sont organisées à son décès en 1887. Par testament, elle lègue 8 millions de francs-or à ses employés, institue l’Assistance publique sa légataire universelle, à charge pour cette dernière d’effectuer des legs à des œuvres philanthropiques, à des entreprises scientifiques, pour la création d’un hôpital à Paris et d’une maternité à Chalon-sur-Saône qui porteront son nom, à l’Institut Pasteur, pour les jeunes ouvrières et ouvriers, les artistes, inventeurs, membres de l’enseignement, la presse parisienne, des maisons de retraite, aux congrégations religieuses, du mobilier et des œuvres d’art, à Verjux, son village natal, un pont, destiné à remplacer le bac, une mairie-école, une maison de bienfaisance.

Antonin Guillot, Madame Boucicaut, un destin hors du commun, préf. M. Duvernois, Groupe d’histoire de Verdun-sur-le-Doubs, 1995, 222 p., ill. - Bernard Sonnet, le pont Boucicaut, association des documentalistes du ministère de la culture, catalogue de l’exposition le patrimoine et l’eau, Paris, 1983.