LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1618 ● Naissance de Bussy-Rabutin, homme de guerre et de lettres

Roger de Rabutin naît au château d’Épiry, dans l’Autunois, le 13 avril 1618. Après de solides études chez les jésuites et une formation militaire précoce, le jeune comte de Bussy se fixe pour ambition, comme il l’écrit dans ses Mémoires, « de devenir honnête homme et de parvenir aux grands honneurs de la guerre ».

D’abord officier dans le régiment de son père, Bussy-Rabutin a la chance de servir sous Louis de Bourbon, le « Grand Condé ». Ils s’entendent parfaitement, à tous égards. Bussy le seconde brillamment à la tête de ses chevau-légers. Mais la Fronde va brouiller les cartes et le Bourguignon, finalement resté fidèle au camp royal, s’oppose à Condé qui ne lui pardonnera pas. Bussy-Rabutin obtient du cardinal Mazarin les promotions que son mérite lui permet d’espérer. Maître de camp général de la cavalerie, lieutenant général des armées du roi, il peut maintenant convoiter le bâton de maréchal. Mais il ne s’entend guère avec le sourcilleux Turenne et, malgré sa vaillance au combat, ne parviendra jamais à cette éminente dignité.

Son bel esprit libertin et son talent pour les jeux littéraires lui font rapidement une place dans la société galante. Le Roi qui apprécie ses talents de plume et ses Maximes d’amour en particulier, ne s’oppose pas à son entrée à l’Académie française. Mais ses bons mots et son penchant pour la médisance le fâchent avec beaucoup de monde. C’est surtout son libertinage qui va entraîner sa disgrâce. Non ses mœurs, pas des plus scandaleuses, ni son irréligion plutôt courante dans son milieu, mais le récit qu’il donne des désordres de la Cour dans son roman satirique l’Histoire amoureuse des Gaules. Le roi ordonne son arrestation, son emprisonnement à la Bastille puis son exil. Bussy rejoint ses terres de Bourgogne en 1666. Il y restera seize ans.

Il tente d’éviter la mort sociale qu’entraîne l’éloignement de la Cour en entretenant une vaste correspondance avec ses amis. Il se tient informé et fait parler de lui. Les dames se prêtent à ses jeux épistolaires galants. Avec sa cousine de Sévigné, ils « rabutinent » et se chamaillent avec esprit, se font valoir l’un l’autre. Mais il est surtout malheureux de n’être plus rien en ce siècle de gloire qu’incarne Louis XIV. Il ne désespère pourtant pas et, en attendant son retour en grâce, il écrit, traduit, versifie. Censeur avisé, on l’interroge comme l’oracle des Lettres françaises. Il est enfin autorisé à reparaître à la cour en 1682 et, avec une pension que le roi lui accorde en 1691, il pense reprendre une place dans le monde. Il est bien tard… Bussy-Rabutin meurt le 9 avril 1693. Il laisse une œuvre majeure, principalement son Histoire amoureuse des Gaules, ses Lettres et ses Mémoires, sans oublier son château (Bussy-le-Grand, Côte-d’Or) où brille son esprit tout entier dans un décor « d’une beauté singulière et qu’on ne voit point ailleurs ».

Comte de Bussy-Rabutin, Mémoires, éd. Daniel-Henri Vincent, Mercure de France, 2010, 372 p. (« Le Temps retrouvé ») ; - Bussy-Rabutin, Histoire amoureuse des Gaules, éd. Jacqueline et Roger Duchêne, Gallimard, 1993, 320 p. (« Folio », 2443) ; - Jacqueline Duchêne, Bussy-Rabutin, Fayard, 1992, 437 p. ; - Daniel-Henri Vincent, Bussy-Rabutin : le libertin puni, Perrin, 2011, 198 p.