LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1268 ● Mariage de Marguerite de Bourgogne et de Charles d’Anjou

En 1268, Charles d’Anjou a quarante ans. Il est le frère cadet du roi de France Louis IX et détient un riche agrégat de domaines : la Provence en vertu de son premier mariage, l’Anjou par concession royale. Surtout, répondant aux sollicitations d’une papauté obsédée par l’éradication de la maison de Hohenstaufen, il accepte en 1266 la couronne de Sicile, à charge pour lui de prendre le royaume à Manfred, l’héritier désigné de Frédéric II. C’est sur ces entrefaites que meurt en Italie Béatrice de Provence, la première épouse du nouveau souverain. Les négociations princières le conduisent à se remarier, dès l’année suivante, avec Marguerite de Bourgogne. La jeune fille était la petite-fille du duc Hugues IV, mais son père, mort à Acre dès 1266, ne règna pas sur le duché. Elle était titulaire du puissant comté de Tonnerre, qu’elle ne fréquenta toutefois que sur le tard, sa jeunesse se déroulant par obligation en Italie, auprès d’un mari aussi cynique que cruel. Ses noces eurent ainsi lieu moins d’un mois après l’assassinat du jeune et chevaleresque Conradin de Hohenstaufen, qui souille in saecula saeculorum la mémoire de l’Angevin. L’union de Marguerite fut d’ailleurs sans postérité. Débarrassée de son époux en 1285, la reine douairière, encore jeune, se retira sur ses terres. Elle put y mettre en oeuvre son grand projet : la construction, pour la gloire de Dieu et le soulagement des pauvres, d’un hôpital richement doté, dont la silhouette s’impose à quiconque passe par Tonnerre. C’est là qu’on l’ensevelit lorsqu’elle mourut en 1308, au terme d’un long veuvage.