LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1821 ● Décès du juriste, historien et pamphlétaire Étienne Guyot de Sainte-Hélène

Né à Nevers, le 13 septembre 1740, fils d’un garde général et receveur de la maîtrise royale des eaux et forêts du Nivernais, Étienne Guyot fait ses études sous la direction des jésuites, au collège et au grand séminaire de Nevers. Destiné d’abord à l’état ecclésiastique, il y renonce pour devenir avocat au parlement de Paris en 1768. Juriste reconnu, il projette même en 1785 de publier une édition des Œuvres de jurisprudence de Guy Coquille en huit volumes. Mais c’est aussi un érudit qui accumule des notes et mémoires sur l’histoire de Nevers et la province du Nivernais, constitue des recueils de pièces dont nous n’avons conservé que trois volumes. L’historien, chez lui, se doublait du pamphlétaire, et il s’attaque à l’administration du duché, d’abord en 1786 dans une charge contre le Procureur général du duché, Charles Antoine Parmentier, dans deux lettres de Fromentet et Jean Fity, puis en 1789, dans Patatras, où il parle au nom de Fleurimond Bondon, langueyeur de porcs, conseiller ordinaire des pauvres manants et habitants du faubourg de Moüesse-lez-Nevers. Le style est vigoureux, et Guyot utilise à merveille la langue populaire. On doit lui attribuer d’autres pamphlets : la seule publication faite de son vivant sous sa signature est la Lettre d’un Curé de campagne à l’occasion de la convocation des états généraux de 1789, pamphlet violent contre les privilèges du duché, et surtout, en 1791, La Passion du Jésus des vrais catholiques. D’autres œuvres de Guyot seraient à retrouver : certains de ses manuscrits ont été vendus en 1890, notamment une intéressante correspondance en 1789 de Guyot et de Pierre-Gabriel Vyau de Baudreuille. Défenseur officieux auprès du tribunal révolutionnaire, Guyot passe la Révolution apparemment sans ennuis, sa conduite fut alors « celle d’un intègre citoyen ». Sous le Consulat, il fut magistrat de la sûreté du VIe arrondissement de Paris. Nommé en 1810 substitut du procureur impérial, puis juge au Tribunal civil de la Seine, il y siégea jusqu’en 1815, date de son admission à la retraite, et mourut à Paris, le 5 septembre 1821. – JFL

 

Henri Rapine de Sainte-Marie, Les critiques et pamphlets de Guyot Sainte-Hélène… Nevers, Ropiteau, 1912 ; – Guy Thuillier, « Un pamphlet inédit de Guyot de Sainte-Hélène », Du Nivernais à la Nièvre : études révolutionnaires, t. I, 1985, p. 131-136 ; – Hugues Richard, « Un conflit de droit féodal en Nivernais dans les années 1780 : la donation du fief du Marais », Mémoires de la Société pour l’histoire du droit et des institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands, volume 70, 2013, p. 191-210.