LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1668 ● Décès d’Annibal Gantez, compositeur

Figure originale, Annibal Gantez est né en 1607 à Marseille. C’est avant tout un musicien d’église qui passa la plus grande partie de sa vie à « vicarier » : un « vicariant » était un chantre ou maitre de musique qui voyageait, à pied ou à cheval, allant de ville en ville, de cathédrale en cathédrale en faisant de plus ou moins longs séjours dans les chapitres où il réussissait à trouver un emploi. Annibal Gantez passe donc au sein des maîtrises d’Aigues-Mortes, Aix-en-Provence, Arles, Aurillac, Auxerre, Avignon, Carpentras, Grenoble, La Châtre, Le Havre, Marseille, Montauban, Nancy, Nevers, Paris, Rouen, Toulon, Valence… « Jamais, dit-il, un musicien ne fut estimé, s’il n’a un peu voyagé. » Il s’arrêta plus longuement à Auxerre : « Il vaut mieux être maître à Auxerre que valet dans Notre-Dame de Paris. » Il mourut vers 1668. On peut reconstituer tout cet étrange périple grâce à L’Entretien des musiciens, dédié à l’évêque d’Auxerre, Pierre de Broc, livre qui rassemble des lettres qu’il adressait à ses amis vicariants leur conférant bon nombre de conseils, non sans humour, concernant en grande partie la bonne moralité dont un musicien d’église doit faire preuve.

Malheureusement pour le moment, il ne nous reste pas grand’chose de ses œuvres sinon des airs à quatre parties (entre 1635 et 1643), la Missa Laetaini (à 4 voix de 1641), la Missa Vigi-late (à 6 voix, 1642) et un Domine Salvum fac (4 voix, 1642).

On ne peut que conseiller l’écoute du remarquable disque de la Missa  Vigilate sous le titre L’épopée d’Anibal Gantez. La messe Vigilate chantée par l’ensemble Vox Cantoris (Direction de chœur : Jean-Christophe Candau) est entrecoupée par des lectures de l’ Entretien des musiciens lus par l’excellente comédienne Marie-Christine Barrault. Une occasion unique de découvrir et la musique et les lettres de Gantez (C.D distrib. Abeille musique, DL 2014).

Anibal Gantez, L’Entretien des musiciens, rééd. de l’éd. 1878, av.-propos A. Claudin, préf. et notes Ern. Thoinan, l’Harmattan, 2000, XXXI-270 p.