LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

20 ● Renforcement du réseau routier en Gaule par Agrippa

Cette date marque le début du second gouvernement d’Agrippa, gendre d’Auguste, chargé de la province impériale des Gaules. C’est alors qu’il jette les bases de l’organisation de la province, réformant l’administration et le système de taxes. Il entreprend la construction d’un réseau de voies, selon un schéma directeur rigoureux conçu dès 37 avant J.-C., qui associe dans une vision d’ensemble les capitales de cités et les infrastructures routières. Selon Strabon, Agrippa a choisi Lyon comme point de départ des voies ; elles sont au nombre de quatre et aboutissent, la première, chez les Santons et en Aquitaine, la deuxième au Rhin, la troisième à l’Océan, alors que la quatrième parcourt la Narbonnaise.

Le seuil de Bourgogne est traversé par deux tronçons divergeant à partir de Chalon-sur-Saône : la voie de l’Océan part en direction de Boulogne par Autun (où elle constitue le Cardo maximus de la ville), Sens et Amiens via le bassin de la Seine et la voie du Rhin part en direction de Cologne par Langres et Trèves, via la plaine de Saône et la vallée de la Moselle. Le réseau de la période protohistorique forme certainement l’ossature et la grande majorité de ces axes de circulation, mais il se renouvelle et se renforce, grâce à une ingénierie et des modes de construction jusque-là inusités mis en œuvre par les légions romaines ; ces travaux ont été probablement terminés sous le règne de Claude, le réseau a été régulièrement entretenu ou rénové durant toute l’époque romaine.

Ces axes avaient une importance stratégique et économique – pour l’acheminement rapide des légions et leur approvisionnement, la Conquête se poursuivant vers la Germanie et la Bretagne – mais aussi administrative, drainant la circulation des fonctionnaires du cursus publicus, chargés du courrier impérial et des recouvrements des taxes et impôts. En fixant des habitats et en facilitant le commerce, ils ont contribué à la naissance de nouvelles agglomérations. Ils ont laissé des traces indélébiles dans le paysage, révélées entre autres par la photographie aérienne ; des bornes milliaires en gardent encore le souvenir.

Christine Delaplace, Jérôme France, Histoire des Gaules (VIe siècle av. J.-C./ VIe siècle ap. J.-C.), Armand Colin, 1997, 189 p. (« Cursus ») ; - Christian Goudineau Regard sur la Gaule, Errance, 1998, 366 p., ill.