Chimie Moléculaire en Bourgogne : comme un héritage de Guyton de Morveau ?

Commission des sciences

L’Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon organisa dans le dernier tiers du 18e siècle des cours publics [1]. Le cours de Sciences Chimiques fut assuré par Louis-Bernard Guyton de Morveau. Réformiste institutionnel, Révolutionnaire, et scientifique infatigable, Louis-Bernard Guyton œuvre à de multiples responsabilités nationales. Son intérêt pour la chimie conduit à l’établissement d’une nomenclature chimique permettant de sortir de la vision « alchimique » encore en cours à l’époque, et il établit de nouvelles méthodes sanitaires ou des perfectionnements militaires. Au-delà de l’examen de ses mérites, Guyton de Morveau s’avère un savant et expérimentaliste en prise avec les questionnements scientifiques de son époque, dans un cadre concurrentiel international, et tributaire des enjeux économiques et politiques prépondérants [2]. Ainsi, d’abord à Dijon, puis à l’École Polytechnique, Guyton va tenter sans relâche pendant trente années, entre 1781 et 1811, de comprendre le lien entre deux substances aussi différentes, en apparence, que le diamant et le charbon. Ses notes manuscrites conservées à l’École polytechnique permettent de le suivre pas à pas dans la recherche d’une analogie pressentie dès 1772 par Pierre-Joseph Macquer et Antoine-Laurent Lavoisier [2].

              Depuis 2007 l’Institut de Chimie Moléculaire de l’Université de Bourgogne (Unité Mixte de Recherche, UMR, 6302 du Centre National de la Recherche Scientifique – CNRS) structure la chimie moléculaire à Dijon, dans la lignée du savoir et du savoir-faire en Sciences Chimiques établis de longue date comme thème régional phare [1]. Les activités de recherche sont concentrées sur deux grandes orientations principales à savoir « Chimie pour un développement durable » et « Santé, imagerie médicale et thérapie ». Celles-ci englobent plusieurs thématiques allant de la synthèse organique ou l’électrosynthèse, la chimie organométallique et de coordination, la catalyse et la modélisation théorique, à la chimie des matériaux polymères, des nanoobjets et des dispositifs. Depuis 2011 l’Institut Universitaire de France et la région Bourgogne soutiennent activement le développement de la chimie des diamantoïdes, ou nanodiamants (le diamant à l’échelle nanométrique), comme un héritage de Guyton de Morveau, deux cents ans après son travail pionnier…

Références :

[1] Chimistes en Bourgogne, 2011, ISBN 2-911999-06-1; CCSTI de Bourgogne, Michel Pauty.

[2] À la recherche de la nature du diamant : Guyton de Morveau Successeur de Macquer et Lavoisier, 2016, ANNALES HISTORIQUES DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE – 2016 – N° 1 [81-107], Christine Lehman.

 

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