LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1569 ● Troisième guerre de religion : le passage des reîtres

La troisième guerre de religion a été produite par les menaces sur les chefs protestants : le prince Louis 1er de Condé et Gaspard II de Coligny qui quittent la Bourgogne pour le Sud-Ouest de la France (voir Célébrations 2018). Cette troisième guerre devient européenne, les protestants français avaient reçu, en août 1568, l’appui des princes d’Orange-Nassau et de Casimir-Wolfgang de Bavière duc de Deux-Ponts.

Pour aller secourir leurs coreligionnaires, ils pouvaient passer par la Bourgogne en s’appuyant sur Vézelay, redevenue protestante en février 1569 avant de rejoindre La Charité-sur-Loire. Le lieutenant du gouverneur de la province, Saulx-Tavannes, était en Poitou dans l’armée royale qui allait combattre les princes, mais le roi Charles IX avait disposé deux autres armées confiées aux ducs de Nemours et d’Aumale, pour défendre la province. Le sort des armes a été très favorable aux catholiques royalistes. L’armée du prince de Condé a été battue à Jarnac où le prince fut tué (13 mars 1569). Coligny décida, cependant, de continuer la guerre mais il fut battu à Moncontour (3 octobre 1569).

La situation est plus sombre en Bourgogne, les armées du duc de Deux-Ponts estimées à 7 500 reîtres et 6 000 lansquenets ont traversé la région entre mars et mai 1569, menaçant d’abord le nord de la province ; ils y entrèrent par Til-Châtel et menacèrent Dijon défendue par le duc d’Aumale. Les reîtres prirent Cîteaux où ils s’installèrent quelques jours, pillèrent les environs de Nuits-Saint-Georges et de Beaune, affrontèrent les armées royales à Chagny (3 mai 1569 ; une tapisserie, dans le grand salon de l’hôtel de ville, en rappelle le souvenir), puis, au lieu de continuer vers le sud, ils se dirigèrent vers La Rochepot, Arnay-le-Duc, Avallon, suivis de l’armée d’Aumale. Ils quittèrent la Bourgogne par La Charité, l’armée royale par Gien. Lors des états provinciaux de 1570, dans son discours d’ouverture, l’abbé de la Ferté évoquera « plus de quatre cents villages brûlés » sans compter les contributions exigées par les belligérants. À l’issue de cette chevauchée, Casimir Wolfgang de Bavière duc de Deux-Ponts mourut peu après sa jonction avec les armées de Coligny, le 11 ou le 18 juin 1569 à Nexon (Haute-Vienne). L’année est encore marquée en Bourgogne par des combats à Noyers-sur-Serein et aux alentours d’Auxerre, pour la possession de Régennes, ainsi que par le siège, vain, de Vézelay (octobre 1569-février 1570).

Paul-Médéric Baudouin, Histoire du protestantisme et de la Ligue en Bourgogne, Auxerre, Vosgien et Thomas, 1881-1884, III-511-537 p.