Né en 1678, Pierre-Arnault de La Briffe, marquis de Ferrières, appartenait à une illustre famille de robe parisienne, apparentée, entre autres, aux Colbert. Ses débuts sont semblables à ceux de ses collègues, la précocité en plus. En 1696, à 18 ans, il obtint le baccalauréat et la licence de droit, il entra au Parlement de Paris l’année suivante en tant que procureur général puis acquit une charge de maître des requêtes à 26 ans. Cette rapide carrière dans la magistrature et dans la très haute fonction publique lui donna accès aux fonctions d’intendant (ou de commissaire départi, représentant du roi dans les généralités). En 1712, il fut nommé en Bourgogne où il succéda à Charles Trudaine (1710-1711), futur prévôt des marchands de Paris. Il y resta jusqu’à sa mort en 1740 (bien qu’il eût été nommé conseiller d’État en 1735) : il est l’intendant de Bourgogne dont la longévité dans ses fonctions a été la plus grande. Il a connu l’époque où l’influence du gouverneur, Louis-Henri de Condé (Mgr le Duc), sur la vie provinciale, a été la plus grande et il a su gérer les affaires de la province sous sa tutelle indirecte ; il mourut l’année même où, à cause du décès brutal du prince de Condé qui avait pour héritier un jeune enfant, le système condéen s’effondra. Les fonctions des intendants de Bourgogne, très amputées par les institutions provinciales, consistaient en premier lieu à gérer les affaires des communautés et à exercer la justice administrative. Pour y parvenir au mieux, P. A. de La Briffe fut l’initiateur d’un conseil de l’intendance composé de quatre membres, tous avocats, qui se réunissait tous les quinze jours exclusivement sous l’autorité de Mgr le Duc (qui n’est jamais présent) ou, à défaut, sous celle de l’intendant. Cette commission très originale a été maintenue par son successeur, Barberie de Saint-Contest ; après sa disparition, les intendants du temps de Louis XVI ont tenté de la reconstituer.
Sébastien Evrard, L’intendant de Bourgogne et le contentieux administratif au XVIIIe siècle, de Boccard, 2005, 571 p., ill. ("Romanité et modernité du droit") ; - Stéphane Pannekoucke, Des princes en Bourgogne : les Condé gouverneurs au XVIIIe siècle, CTHS, 2010, 400 p. ("CTHS Histoire").