LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

1314 ● L’arrestation des brus du roi

Le roi de France Philippe le Bel s’éteint le 29 novembre 1314. L’Histoire retient de cette fin de vie un épisode qui fit la gloire d’écrivains aussi divers qu’Alexandre Dumas, Michelet ou Maurice Druon : l’affaire des brus du roi ! En mai 1314, les trois princesses sont jetées en prison pour adultère : Marguerite de Bourgogne, épouse de Louis le Hutin, roi de Navarre, futur Louis X ;  Jeanne, fille de Otton IV, comte de Bourgogne, épouse de Philippe de Poitiers, futur Philippe V ; et Blanche, sœur de la précédente, épouse de Charles de la Marche, futur Charles IV. Très certainement victimes d’une dénonciation d’Isabelle, fille du roi et épouse frustrée d’Édouard II d’Angleterre, elles sont immédiatement arrêtées. Leurs amants, les jeunes et fringants seigneurs Philippe et Gauthier d’Aulnay, avouent leur crime. Accusés de lèse-majesté, ils sont condamnés et exécutés dès le jugement prononcé. L’Histoire a retenu l’extrême cruauté de leur supplice, en présence de leurs royales maîtresses, avant l’exécution finale. Jeanne, épouse de Philippe de Poitiers fut rapidement disculpée. Convaincues d’adultère, Marguerite et Blanche de Bourgogne furent conduites à Château-Gaillard.

Marguerite y rendit son dernier soupir en 1315 tandis que Blanche termina ses jours à l’abbaye de Maubuisson. Les versions les plus diverses relatent la fin de Marguerite : morte étouffée, victime d’une pleurésie dans une tour ouverte à tous les vents, prisonnière libre au château de Couches…on ne sait.

Quel est le fond du problème ? Les trois fils de Philippe le Bel étaient sans héritier mâle. L’inconduite des femmes de deux d’entre eux pouvait laisser planer un doute intolérable sur la filiation royale. Par ailleurs, privés de leurs épouses, les dernières chances de voir naître un héritier mâle s’éloignaient et la crainte de voir, dans le futur, monter sur le trône un cousin Valois ou Evreux, grandissait. Après trente années de règne, le domaine royal courait le risque de se désagréger si rien n’était fait. Le jour même de sa mort, par lettres patentes, Philippe le Bel décrétait la masculinité pour l’apanage de Poitiers : au cas où Philippe de Poitiers mourait sans héritier mâle, son fief revenait au roi de France. Au moment où les barons relevaient la tête, cette volonté affirmée de préserver l’intégrité du domaine royal, était de toute première importance. – JMD

Jean Favier, Philippe le Bel, Fayard, 1978, V-584 p., ill. ; Lucien Taupenot, Les Marguerite de Bourgogne, Sainte-Croix, La Renardière, 1996, 98 p. ; rééd. Précy-sous-Thil, éd.de l’Armançon, 2005, 84 p.