Jacques Personne est né à Saulieu le 17 octobre 1816. Son père Léonard, 26 ans, boulanger, avait épousé le 25 janvier 1816, Jeanne Ducharne, 22 ans, fille d’un boulanger. Jacques devient pharmacien de 2e classe après un stage à Saulieu puis à partir du 15 décembre 1835 à la pharmacie Defert à Paris. Il y reste jusqu’au 1er avril 1839. Devenu interne en pharmacie, il entre ensuite à l’Assistance publique, d’abord à l’Hôpital de la Pitié et, deux ans plus tard, à l’Hôpital Lourcine (Broca). Il s’intéresse en 1842 à un sérum de sang laiteux dans lequel il extrait 8 à 10% de matières grasses ; il trouve une analogie avec la graisse humain : il serait alors le premier à étudier un sérum hyperlipidémique. En 1843 il est préparateur de pharmacie et de physique à l’École de pharmacie. Par concours, il devient en 1850 pharmacien en chef de l’Hôpital du Midi : sa vie va se partager entre son service à l’hôpital et le laboratoire de l’École de pharmacie. Ayant découvert la présence d’iode dans un ruisseau du Morvan, ce qui eut un certain retentissement, il étudie avec Deschamps, pharmacien à Avallon, des formules d’huiles iodées. Le 31 août 1854 il devient pharmacien de 1ère classe, après avoir présenté une thèse de pharmacie sur l’histoire chimique et naturelle du lupulin. On lui doit une méthode de dosage du mercure et de l’iodure de potassium par les liqueurs titrées, des observations sur l’iodure d’amidon, sur les combinaisons des oxydes de manganèse, sur la décomposition spontanée du chloroforme. En 1857, il est lauréat de la Société de pharmacie pour ses travaux sur l’analyse du chanvre, et il montre que l’essence possède les propriétés étourdissantes du « hatschich » ; il devient chef de service à l’Hôpital de la Pitié où il restera jusqu’en 1878. En 1875, il est élu membre de l’Académie de médecine. Le 17 mars 1877, Personne soutient une thèse de doctorat ès-sciences physiques sur le chloral. Chargé d’un cours complémentaire de chimie analytique le 15 avril 1877, il exerce ensuite ses fonctions de pharmacien à la Charité (rue Jacob) de 1878 à 1880. Il poursuit ses études sur la glu du houx, pour piéger les oiseaux, que Courtépée indique comme une production caractéristique du baillage de Saulieu… Il décède le 11 décembre 1880. Le cours complémentaire qu’il avait dispensé sera transformé en chaire de chimie analytique 15 ans après sa mort. Il est l’un des rares pharmaciens français cité dans le Dictionnary of Scientific Biography.
Courtois (Jean-Émile) « Le pharmacien Jacques Personne, pionnier de la chimie analytique », Revue de l(‘histoire de la pharmacie , t. 27 , n°247, 1980, p. 263-271.