LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1866 ● Naissance d’Henri Gustave Jossot, maître du dessin de presse

Quel personnage ! Jossot naît à Dijon le 16 avril 1866. Frondeur, il est très tôt hostile à toute autorité parentale (il est le père d’un enfant non espéré de la lingère de ses parents) ou éducative. Passionné par le dessin, il monte à Paris, proche tout d’abord des artistes de Pont-Aven, puis il se lance dans le dessin de presse. Ce genre a beaucoup de succès dans les journaux à cette époque. Son style se reconnaît très vite, son mordant s’aiguise avec vigueur : le lancement de L’Assiette au beurre, journal satirique fortement militant (1901-1912) lui offre une tribune d’où il tire à boulets rouges sur les patrons, les bourgeois, les gouvernants, les officiers, les juges, les prêtres, les francs-maçons, les coloniaux…

Il est le maître de la caricature, tant par l’originalité de son dessin épuré et très efficace (qui évolue d’ailleurs avec le temps) que par la violence de ses combats qu’il assume contre tous les pouvoirs. Comme il faut vivre, il signe également des affiches publicitaires. Il devient amoureux de la Tunisie où il s’installe à partir de 1911 et se convertit à l’Islam. Abdul Karim Jossot (il adopte ce nom) ne dessine plus, ne peint guère, s’attache au soufisme, puis il rompt avec l’Islam, redevient athée et meurt à Sidi Bou-Saïd (la banlieue artiste de Tunis) le 7 avril 1951 dans l’oubli et le dénuement. Cabu le considérait comme le maître absolu du dessin de presse dans ce genre particulier : « Si, comme dit Cavanna, « un bon dessin c’est un coup de poing dans la gueule », alors oui, un dessin de Jossot est un sacré coup de poing. »

Jossot, caricatures : de la révolte à la fuite en Orient (1866-1951), exposition, Paris, Bibliothèque Forney, 1er mars – 18 juin 2011, catalogue par Michel Dixmier et Henri Viltard, préf. de Cabu, Paris Bibliothèques, 2011, 181 p., ill.