LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1868 ● Naissance d’Émile Bernard, peintre

Né à Lille le 26 avril 1868, Émile Bernard est un enfant surdoué détestant l’école et les contraintes. Il passe une enfance choyée entre ses parents, à Asnières, et sa grand-mère, à Lille. Indiscipliné, il est souvent renvoyé des écoles qu’il fréquente. Il refuse de suivre les cours au collège Sainte-Barbe.

Adolescent créatif, il entre à l’atelier de Fernand Cormon en 1884 mais il en est exclu en 1886. Il est déjà à l’avant garde de la peinture. Il part à pied pour la Normandie et la Bretagne. Avec Gauguin il participe au mouvement de Pont-Aven (1886-1889). En 1891 il rompt avec Gauguin et il l’accuse de s’attribuer tous les mérites des inventions du groupe de Pont-Aven. Il rencontre Cézanne et Van Gogh. Parti en Égypte, subjugué par une égyptienne, il en fait sa première épouse et ils ont deux enfants. Génie inquiet, il abandonne son épouse et rentre en France en 1904 avec ses deux enfants et retrouve Cézanne à Aix-en-Provence. Un ami de classe, Jacques Tasset, lui fait découvrir Tonnerre ; il achète une maison près de l’église Saint-Pierre et y installe ses enfants et sa maîtresse Andrée Fort, la sœur du poète Paul Fort. Il l’épousera en 1933 après le décès de son épouse égyptienne. Il ne vit pas à Tonnerre mais il y vient assez souvent car si son atelier est à Paris, il aime peindre la campagne qu’il parcourt avec André Maire qui sera son seul disciple et son futur gendre. Outre la peinture, il est un théoricien passionné de l’art et fonde une revue  La Rénovation esthétique en 1905 ; il en est successivement gérant, rédacteur en chef, puis directeur. La revue est imprimée chez lui à Tonnerre sur une presse à bras actionnée par ses enfants (il en aura 3 avec Andrée Fort) et les gamins du quartier. Il va publier en 1926 les lettres que lui ont adressées Van Gogh, Gauguin, Cézanne, Huysmans, Bloy etc. L’ouvrage sera imprimé aux Éditions de la  Rénovation esthétique au 14 rue Armand-Colin à Tonnerre. Il va aussi écrire des poèmes et un roman, La Danseuse persanne  en 1926. Jusqu’à sa mort à Paris en 1941, on le verra souvent promener dans les rues de Tonnerre sa haute silhouette capée de noir.

Laura Karp-Lugo, « Du Synthétisme à l’arrière-garde : le parcours d’Émile Bernard », Émile Bernard : au-delà de Pont-Aven, exposition, INHA, 2012, cat. dir. Neil McWilliam, 118 p., ill. ; - Jean-Pierre Fontaine, Hommes et femmes célèbres de l’Yonne , éd. Bonneton,1995, p. 20.