LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1812 ● Naissance d’Édouard Séguin, pédagogue

Né le 20 janvier 1812 à Clamecy, Édouard Séguin est entré dans l’Histoire comme « l’instituteur des idiots ». L’idiotie désignait à l’époque le plus bas degré de l’efficience intellectuelle. Avant Séguin, la théorie régnante était que l’idiotie est irrémédiable, relevant uniquement de soins palliatifs. Encouragé par le fameux Jean Itard, son modèle et ami de son père, il s’intéressa tout d’abord d’une manière indépendante et personnelle au sort des infirmes mentaux. Séguin appelait « physiologique » sa méthode, fondée sur la pratique et l’observation des enfants, ce qui implique que l’arriération mentale, tenue jusqu’alors pour une tare congénitale, est en réalité une infirmité, un dysfonctionnement. Pour lui, le moins éducable a droit comme tout homme à l’éducation pour s’élever de la notion, qui est une donnée sensorielle, à l’idée. Cet effort intellectuel, qui sous-tend le travail manuel, s’impose à tout être humain à un rythme de croissance plus lent pour certains que pour d’autres de sorte qu’il n’y a pas plus de situation sans espoir. Sa méthode est énoncée dans les deux ouvrages : Hygiène et éducation des idiots (Ballière, 1843) et Traitement moral, hygiène et éducation des idiots et des autres enfants arriérés ou retardés dans leur développement (ibid., 1846, rééd. 1997). Mais il avait malheureusement de solides ennemis en France. Sa vie, consacrée au développement des moins doués, va se dérouler en deux périodes : une parisienne de 1837 à 1850, ponctuée d’épreuves, de tentatives et d’incompréhensions notamment à Bicêtre, et une américaine, de gloire et de notoriété, jusqu’à sa mort à New York, en 1880. Il laisse aux États-Unis d’Amérique onze établissements spécialisés, dits écoles ou classes Séguin.

Paul de Loye, "Édouard Séguin inventeur de la pédagogie d'adaptation", Bulletin de la Société nivernaise des lettres, sciences et arts, vol. 40, 1992, p. 27-37.