LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1519 ● Naissance de Théodore de Bèze, théologien protestant

Dieudonné de Bèze qui préfère le prénom de Théodore naît le 24 juin 1519 à Vézelay. Son père, bailli royal de Vézelay, le confie à un oncle qui habite Paris et assure son éducation. À huit ans, Théodore va en pension chez un humaniste allemand, Melchior Wolmar, à Orléans ; il lui enseigne le latin, le grec, la littérature, y ajoute quelques idées de la doctrine luthérienne alors répandues en France. Selon le désir de son père, il entreprend des études de droit qui pourtant le rebutent ; licencié à 23 ans il devient procureur de la nation bourguignonne. Dix années parisiennes, entre 19 et 29 ans, révèlent un jeune poète élégant qui compose et publie des épigrammes, des élégies, des épitaphes, un recueil de poésies latines  Poemata.

En 1548, une grave maladie qui l’amène aux portes de la mort le fait rompre avec patrie, parents, amis ; il se retire à Genève avec sa femme Claudine Denosse, épousée secrètement. Calvin les accueille à bras ouverts et bénit leur mariage.

Continuant l’œuvre entreprise par Clément Marot, Théodore de Bèze termine la transposition des Psaumes en vers français qui seront plus tard mis en musique dans le Psautier de Genève.

Dans le même temps, de 1549 à 1558, avec ses dons exceptionnels de linguiste, il enseigne le grec à l’Académie de Lausanne, annote le Nouveau Testament et le traduit du grec au latin, écrit des ouvrages théologiques : La confession de foi du Chrétien  a connu une renommée justifiée. En 1558, il démissionne de l’Académie de Lausanne, rejoint Calvin à Genève qui dès 1559 le nomme Recteur de l’académie qu’il vient de fonder. Il passe une vingtaine de mois en France, participe au colloque de Poissy comme médiateur entre catholiques et protestants. Puis il rentre à Genève et en 1564 succède à Calvin, qui vient de mourir, à la tête de l’Église de cette ville. Il devient modérateur de la Compagnie des Pasteurs de la Ville et de la République de Genève, intervient dans les affaires de l’Europe protestante, entretient une immense correspondance, répond aux polémiques des luthériens ubiquitaires, rédige des ouvrages d’histoire, entreprend de nombreux voyages aux buts politiques et ecclésiastiques, publie des ouvrages bibliques, préside plusieurs années le Synode national des Églises réformées de France. En 1580 il fait paraître sa remarquable Histoire ecclésiastique des Églises réformées de France  écrite sans doute en collaboration avec son successeur éventuel, historien et poète comme lui, Simon Goulart. Pendant près de quarante ans, il est le chef et l’inspirateur des Églises réformées de France, des Pays-Bas, des presbytériens anglais, de l’Écosse, de l’Allemagne, de Hongrie, de Pologne… « Le dimanche 13 octobre 1605, dans sa quatre-vingt-septième année à 8 heure du matin, au son de la cloche qui appelle les fidèles au culte, après avoir rendu grâces à Dieu, Théodore de Bèze se sentant soudain las, se recoucha… »

Alain Dufour, Théodore de Bèze, poète et théologien, Droz, 2006, 272 p. - Violaine Weben, Théodore de Bèze, un grand de l’Europe Vézelay. 1519-Genève 1605, Les Bergers et les mages, 2000, 107 p.