LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1921 ● Naissance de Robert Dhéry, Branquignol

Robert est bien d’Héry, un village de l’Yonne au nord d’Auxerre où il repose depuis 2004, mais il est né Robert Fourrey le 27 avril 1921 à La Plaine-Saint-Denis, fils de Léon Fourrey, de Chablis, et de Louise Perrignon. Il apprend son métier de comédien au Cours Simon et au Conservatoire de Paris. Au cinéma, il apparaît dans Remorques (1941), Monsieur des Lourdines (1943), Les Enfants du Paradis (1945). Il fait un pas de deux avec une danseuse moins classique qu’il y paraît : Colette Brossé, dite Brosset. Qu’il épouse, à Héry bien sûr. Elle sera toujours à ses côtés. Durant les années noires, il rencontre des comédiens qui partagent son sens du comique, plutôt son « non-sens » comique, et vont le suivre dans ses aventures d’abord théâtrales, dès la Libération.

Les Français, qui ont bien besoin de rire, vont découvrir une joyeuse troupe, très professionnelle tendance patronage, où s’amusent des comédiens, des danseurs, des musiciens, des chansonniers… à la fois « branques » et « guignols », que Dhéry baptise « Branquignols ». Il réunira autour de lui Duvaleix, Carmet, Lefèvre, Francis Blanche, la Maillan, Serrault, Micheline Dax, Olaf, Legras, Rollis, Marin, Tornade et bien d’autres, sans oublier Louis de Funès ! Fidèles à Dhéry, qu’ils restent en seconde ligne ou qu’ils montent en haut de l’affiche, ils prendront de l’âge sans vieillir. L’humour débridé de Dhéry qui écrit la plupart des textes, et les gags de ses complices qui en rajoutent, rencontrent les attentes du public qui fait un triomphe au spectacle du Théâtre La Bruyère en 1948 comme au film qui en est inspiré, titré Branquignols, l’année suivante. Il enchaîne avec Dugudu puis Ah ! les belles bacchantes, sur scène comme au cinéma.

Dans sa carrière artistique, Robert Dhéry suivra trois voies parallèles d’acteur, de réalisateur et de metteur en scène. Comédien généralement classé lunaire et poétique, Dhéry va évoluer du plus débridé, dans Les Aventures des Pieds-Nickelés en 1948 où il interprète Filochard avec Maurice Baquet, Rellys et Colette Brosset, jusqu’au plus austère, sa dernière apparition dans La Passion Béatrice de Bertrand Tavernier en 1987.

Cinéaste et auteur, Dhéry tourne La Belle Américaine (1961) qui donne une belle place aux petites gens, Allez France (1964), où il s’offre un rôle muet de bobby londonien, Le Petit Baigneur (1968), face à face maritime avec de Funès plus irascible que jamais et Vos gueules, les mouettes ! (1974) qui permet aux Branquignols de se retrouver une dernière fois.

Homme de théâtre et de troupe, Dhéry met en scène de nombreux spectacles, de Feydeau (Monsieur Chasse en 1976) à Pinter (Le Chauffoir en 1986), de Rossini (Le Comte Ory, à l’Opéra-comique en 1976) à Offenbach (La Grande-Duchesse de Gérolstein, au Châtelet en 1980). Mais c’est grâce à la comédie musicale La Plume de ma Tante (musique de Gérard Calvi, chorégraphie de Colette Brosset) que Robert Dhéry, obtient le plus grand succès, y compris sur les scènes internationales. L’opérette branquignole a été jouée à Londres à partir de 1955 pendant plus de deux ans avant de tourner aux États-Unis pour 835 représentations, après Broadway ! Quatre fois nominée, La Plume de ma Tante reçoit le Special Tony Award en 1959.

Des problèmes de santé ont obligé Robert Dhéry à cesser ses activités à la fin des années 1980. Avec Colette et sa troupe d’amis complices, son humour potache et bon-enfant, sans l’ombre d’une vulgarité, il a fait rire pendant quarante ans. Encore bravo Monsieur d’Héry ! – DHV

 

Robert Dhéry, Ma Vie de Branquignol, Calman-Lévy, 1978, 257 p.