LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1521 ● Naissance de Pontus de Tyard, poète et humaniste

Né à Bissy-sur-Fley le 20 avril 1521, Pontus, fils de Jehan de Tyard, lieutenant général au bailliage de Mâcon et de Jehanne de Ganay, est un prélat, poète et humaniste dans la sombre période des guerres de religion en Bourgogne. De nos jours, Tyard est surtout connu comme poète, auteur des Erreurs amoureuses, de la Continuation des Erreurs amoureuses et d’un Livre de vers lyriques. Mais contrairement à une idée répandue, il n’a été rattaché à aucun groupe, ni à une école poétique. On peut même dire qu’il a tenu lui-même à se marginaliser, n’étant ni Parisien, ni Lyonnais, restant à l’écart aussi bien de la Pléiade de Ronsard, du nationalisme de Du Bellay et de l’École lyonnaise de Maurice Scève. Tyard a tracé son propre chemin !

Pour lui, on ne peut pas séparer poésie et musique, toutes les deux fruits de la « fureur poétique », qu’il a étudiée dans ses livres Solitaire premier et Solitaire second, tous deux écrits sous la forme d’un dialogue avec sa muse Pasithée. Le Solitaire second est le premier livre en français qui essaie d’expliquer le phénomène de la musique et surtout ses effets sur l’homme. Pour Tyard, si la musique est douée d’efficacité, c’est parce qu’elle est l’écho de la musique des sphères célestes.

Il a été lecteur, autrement dit professeur de mathématiques et d’astronomie de deux rois, Charles IX et Henri III. Il s’est penché sur le calcul correct de la durée de l’année, tout comme Copernic qu’il est un des rares de son temps à prendre au sérieux. Dans son ouvrage Les Éphémérides de la huitième sphère, il propose un calendrier stellaire très détaillé pour plus de 300 étoiles. Par contre, il ne croit absolument pas à l’astrologie, qu’il critique vivement dans son livre Mantice.

Proche des rois de son temps et élu pour le clergé aux états généraux de Blois en 1588, Tyard y est un des rares à défendre les intérêts d’Henri III contre les représentants largement majoritaires de la Ligue ultra-catholique. Son successeur Henri IV, qui voyait en Tyard un homme savant et irréprochable, tant sur le plan monarchique qu’ecclésiastique, le sollicita pour l’instruire dans la foi catholique, mission que les Ligueurs rendirent malheureusement impossible.

Au moment de sa nomination comme évêque de Chalon par Henri III en 1578, Tyard était déjà chanoine et archidiacre de cette cathédrale. C’était un homme d’une foi inébranlable, basée sur de solides études à Paris, consacrée par le titre de protonotaire apostolique, une sorte de diplôme attribué par Rome. Il est par ailleurs le seul évêque de son temps à avoir publié des Homélies, où il fait preuve d’une tolérance exceptionnelle pour l’époque face aux protestants. Il meurt le 23 septembre 1605 au château de Bragny-sur-Saône. – CPH

 

Emmanuel Mère, Pontus de Tyard, Chalon-sur-Saône, Éd. Hérode, 2001, 224 p. ; – Claus-Peter Haverkamp, Pontus de Tyard (1521-1605), Un curieux dans son siècle, postf. de Jo Martynciow, Académie de Mâcon, 2015, 67 p. ill. (« Petite Collection de l’Académie »)