LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1717 ● Naissance de Pierre Trésaguet, ingénieur des ponts-et-chaussées

Pierre Marie Jérôme naquit vraisemblablement le 15 janvier 1717 à Nevers. Troisième fils d’un ingénieur du roi attaché à la généralité de Moulins, il fut nommé sous-ingénieur de la généralité de Paris puis devint ingénieur en chef de la généralité de Limoges en juillet 1764.

Il travailla alors sous l’autorité de l’intendant Turgot, celui-là même qui supprima les corvées. Ce détail a son importance, le grand œuvre de Trésaguet en étant la conséquence directe.

Cependant, le premier des grands travaux que réalisa Trésaguet concerne la Charente qu’il dut rendre navigable de Civray à Cognac. La Charente étant déjà ponctuée de nombreux barrages meuniers créant en amont des biefs potentiellement navigables, il s’agissait surtout de trouver un moyen commode de les franchir. L’essentiel des ouvrages d’art était constitué de pertuis dotés d’une passe marinière d’un genre nouveau. L’innovation consistait d’abord à déplacer les passes pour les flanquer contre les berges afin de faciliter le halage et les manœuvres en période de bonnes eaux voire de crue. Par l’installation de portes battantes à la place des pieux, on maîtrisait beaucoup mieux le débit d’eau. Enfin, de toutes ces innovations, la plus importante fut la création de longs bajoyers canalisant la chute d’eau. Par ce procédé, le bateau descendant ne subit pas le choc lié au dénivelé et le risque qu’il se brise disparaît quasiment. Trésaguet ne put cependant rendre toute la Charente navigable durant son séjour à Limoges. Le 19 avril 1775, Trésaguet est promu inspecteur général des ponts-et-chaussées tout en demeurant en fonction dans la généralité de Limoges. En septembre de la même année, il publie son mémoire sur la construction et l’entretien des chemins. On y trouve une nouvelle manière de réaliser l’empierrement des routes. Trésaguet fait également apparaître le nouveau serviteur des routes, le cantonnier, un ouvrier rétribué, chargé « des soins à prendre et des travaux à faire pour maintenir en bon état la portion de route dont il est chargé ». La méthode développée par Trésaguet connut un grand succès et fut employée jusqu’à ce que John Mac-Adam vienne améliorer, en 1820, ledit système et lui donner son nom.

L’ingénieur décéda le 21 ventôse an IV (1796) dans une relative indigence liée à la réduction de sa retraite d’ingénieur qui lui était versée en assignats !

René-François Ricroch, « Les Trésaguet, une famille d’ingénieurs nivernais des ancres de marine aux Ponts et chaussées », Actes du LIIe congrès de la Fédération des sociétés savantes du Centre, Nevers, 14-16 mai 1993 – Bulletin de la Société nivernaise des lettres, sciences et arts, 1993, p. 181-192,