Si Thérèse Peltier fut la première femme à piloter seule un avion et Élisa Deroche la première à obtenir son brevet de pilote, Marie-Jeanne sera la première à mourir de son enthousiasme pour les aéroplanes.
Née à Joigny le 4 janvier 1871, fille d’un sous-chef de gare, Marie-Jeanne Cernesson s’est mariée à Alger en 1904 avec Édouard Denis. Devenue veuve, prise de passion pour l’aviation, elle revient en France pour apprendre à piloter. À quarante ans, ce n’est plus une jeune écervelée. Elle s’inscrit à l’école de pilotage Farman, établie à Étampes depuis mars 1910. Pour ne pas gêner sa famille, elle adopte un pseudonyme qui sonne américain : Denise Moore. Selon L’Abeille d’Étampes, elle est très populaire sous ce nom car on admire sa liberté de femme et son ardeur à conquérir son brevet de pilote à un âge où la plupart des dames finissent d’élever leurs enfants et tricotent à la veillée.
Le 21 juillet 1911, selon le journal local, ses amies qui l’ont poussée à un nouveau vol après un entraînement réussi, voient le biplan qu’elle pilote échapper à son contrôle et s’écraser. Le corps de Marie-Jeanne Cernesson est ramené à Joigny où elle est enterrée. Le drame suscite cependant peu d’échos. Le Bourguignon publie un bref article le 28 juillet. C’est à peu près tout ce qu’on dira d’elle avant de l’oublier, un peu injustement. – DHV