LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1919 ● Naissance de Lucien Olivier, médecin et archéologue

Par ses origines Lucien Olivier est un pur Morvandiau, très attaché à sa terre natale. Il est né à Château-Chinon le 19 août 1919. Son enfance s’est déroulée dans les villes de garnison au gré de la carrière de son père militaire. Après ses études secondaires au lycée Hoche de Versailles, il débute en 1937, à 18 ans, un cursus de médecine à  la faculté de Paris.

La guerre éclate. Il s’engage dans l’artillerie puis fait l’École des officiers de réserve. En 1942 il est démobilisé et reprend ses études. Il passe son concours d’externat en 1943. La guerre terminée, il soutient sa thèse en 1946 et obtient la mention très honorable. Il s’oriente alors vers la spécialité d’ORL et il restera attaché des Hôpitaux de Paris jusqu’en 1950. Pendant quelques années il exerce à Viroflay. En 1953, titulaire d’un brevet de pilote, il intègre l’armée de l’air et s’initie à la biologie aéronautique. Il travaille sur les ultrasons et les infrasons avec des applications sur la surdité dans l’aviation et sur l’assourdissement provoqué par l’hélicoptère à réaction. Membre de la Société de médecine de Paris depuis 1956, il passe en 1959 un diplôme d’audiométrie à la Faculté de médecine de Paris et s’installe à Chaville. De 1975 à 1984, il exerce comme médecin ORL à l’hôpital Jean Rostand de Sèvres et au Centre audiométrique pour enfants de Boulogne, où il poursuit son activité jusqu’en 1986. Il a publié de nombreux articles dans les revues médicales.

En plus de sa passion du Morvan et de la médecine, le Docteur Olivier était aussi passionné d’archéologie. C’est l’abbé Joly, directeur des Antiquités préhistoriques de Bourgogne, qui a été son initiateur et son guide. Peu d’archéologues jusque-là s’étaient intéressés au Morvan. Mettant à profit en 1964 une période où le lac artificiel des Settons était provisoirement vidé, le Docteur Olivier a mis au jour sur l’îlot de Cernay les vestiges d’habitat d’une population de chasseurs et de pêcheurs du néolithique. Au Fou de Verdun, il a fouillé un éperon barré. À l’Huis l’Abbé sur la commune de Corancy, il a exhumé les substructures d’un village gaulois.

La découverte la plus spectaculaire a révélé, sur la commune d’Arleuf, le théâtre gallo-romain des Bardiaux, fouillé de 1971 à 1978 et de 1989 à 1992 avec le Groupe de recherches archéologiques du Haut-Morvan (GRAHM) qu’il a fondé en 1972  et présidé jusqu’en 1986. Cette trouvaille a été consacrée par le classement du théâtre comme monument historique en 1975. Pressentant la présence d’un sanctuaire aux sources de l’Yonne, il a encouragé les sondages en vue d’un grand chantier futur.

Son intérêt pour Bibracte l’a amené à se passionner pour la reprise des fouilles en 1984 et à devenir membre, puis vice-président du Conseil scientifique du Beuvray qui formait les guides conférenciers.

Toutes ses recherches sur une trentaine d’années ont été synthétisées dans une thèse : Le Haut Morvan romain – Voies et Sites sous la direction du professeur Claude Rolley de l’Université de Dijon, brillamment soutenue en 1982 et éditée par la Revue archéologique de l’Est. Il a été distingué en recevant l’Ordre national du Mérite. Pendant 20 ans, de 1972 à 1992, Lucien Olivier a exercé les fonctions de chancelier perpétuel de l’Académie du Morvan qui a beaucoup compté pour lui et qui lui doit beaucoup. C’était un homme sensible et passionné, curieux de tout, d’une grande honnêteté scientifique, avec le sens de l’organisation et du travail bien fait. Il est décédé le 23 novembre 1994 à Saint-Cloud.