LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1767 ● Naissance de Louis Antoine de Saint-Just

Louis Antoine de Saint-Just est né à Decize le 25 août 1767. Son père était un officier de cavalerie originaire de Blérancourt, en Picardie, et sa mère Jeanne Marie Robinot était la fille d’un notable de Decize, riche propriétaire terrien et plusieurs fois échevin.

Le mariage entre le capitaine Louis-Jean de Saint-Just de Richebourg et la fille du notaire Léonard Robinot l’Aîné a été mouvementé. Pour outrepasser le refus de son père, la jeune femme « déjà avancée en âge » (32 ans) a eu recours aux trois sommations respectueuses et, conformément à la loi, a pu ainsi se marier sans autorisation. La cérémonie s’est déroulée le 30 mai 1766 en l’église de Verneuil, dont le curé Antoine Robinot était un oncle de la mariée.

« Le vingt cinquième août mil sept cent soixante sept a esté baptisé Loüis Antoine né ce jourd’huy… » Ainsi débute l’acte de baptême de Louis Antoine de Saint-Just, premier enfant du couple (il aura deux sœurs, Louise Marie-Anne et Marie-Françoise Victoire). S’il a été baptisé en l’église Saint-Aré, l’enfant reste très peu de temps à Decize. Il est élevé par une nourrice à Verneuil, village dont le curé est son parrain. Puis, à l’âge de huit ans, il suit ses parents en Picardie. Il étudie alors au collège Saint-Nicolas de Soissons, tenu par les Oratoriens.

Il s’intéresse très tôt à la littérature, rédige une monographie du château de Coucy, écrit une pièce satirique. Il s’enfuit du domicile parental et s’installe à Paris. Sa fugue est de courte durée. Il est arrêté et interné six mois dans une maison de correction. L’année suivante, il est étudiant à Reims, où il obtient une licence en droit, et il revient à Blérancourt, dans l’espoir d’obtenir un emploi judiciaire subalterne.

« J’ai vingt ans, j’ai mal fait, je pourrai faire mieux. » Au printemps de l’année 1789, des colporteurs et des libraires distribuent un petit livre intitulé : Organt, poème en vingt chants. La police ordonne des perquisitions pour saisir les exemplaires de ce « livre pornographique et contraire à la morale ». La diffusion s’arrête d’elle-même. Trois ans plus tard, alors que Saint-Just est élu à la Convention et devient célèbre, des éditeurs anonymes font paraître Mes Passe-temps, ou le Nouvel Organt de 1792, par un député de la Convention Nationale. Saint-Just désapprouve cette édition-pirate, dont le texte a été légèrement modifié.

En 1789, il est trop jeune pour participer aux élections et à la rédaction des cahiers de doléances. Le notaire de Blérancourt est élu député. Mais, dès le mois de décembre, il est contesté. Saint-Just revient alors de Paris et devient le porte-parole du canton de Blérancourt. Il est désigné administrateur de district et dirige 200 hommes de la Garde nationale.

Les querelles de village ne l’intéressent pas. Le 26 août 1792 a lieu la désignation des électeurs ; Saint-Just a 25 ans depuis la veille. Il est élu et devient le benjamin de la Convention. Lié aux frères Robespierre, il siège sur les bancs de la Montagne. Membre du Comité de Salut Public en juin 1793, il prend une part importante dans la réorganisation des armées, d’abord à Strasbourg, puis lors de la victoire décisive de Fleurus. Il contribue aussi à « durcir la révolution » : c’est la Grande Terreur.

Toutefois, la Terreur mange ses propres instigateurs. Le Comité de Salut Public se divise, les opportunistes rejoignent les ennemis de Robespierre. Saint-Just, de retour des armées, reste étrangement silencieux alors que la menace se précise. Il est arrêté à l’issue de la séance du 9 Thermidor.

Exécuté avec Robespierre et Couthon le 10 thermidor an II (28 juillet 1794), Saint-Just ne sera célébré par sa ville natale qu’à la fin du siècle suivant. En 1882, le maire républicain François Virlogeux donne le nom de l’illustre Conventionnel à une rue (ex-rue des Roches ou du Cartarot) et à une place (ex-place du Pont). Un projet de statue avait déjà été débattu par le conseil municipal en 1889, mais ce n’est qu’en 1983 qu’un buste de Saint-Just a été réalisé par le sculpteur Peignot et installé dans une niche le long de la place. Un timbre commémoratif a été émis en 1991, avec l’oblitération premier jour, partagée entre Decize et Blérancourt.

Louis-Antoine Saint-Just, Œuvres complètes, éd. M. Abensour et A. Kupiec, Gallimard, 2004, 1248 p. (« Folio-Histoire », 131) ; - Louis Albert Morlon, « Arlequin-Diogène », Mémoires de la Société académique du Nivernais, t. 23, 1920-1921, p. 242-265 ; - Albert Ollivier, Saint-Just et la force des choses, préf. A. Malraux, Gallimard, 1955, 589 p., ill ; - Bernard Vinot, Saint-Just, Fayard, 1985, 394 p.; - Pierre Volut, Decize en Loire assise (1515-1789), Decize, 1992, 367 p.