LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1767 ● Naissance de Joseph Fiévée, préfet de la Nièvre

Joseph Fiévée naît le 9 avril 1767 à Paris. Journaliste, écrivain, haut fonctionnaire et correspondant secret de Napoléon et de Louis XVIII, il est nommé par Napoléon, préfet de la Nièvre en 1813, et confirmé lors de le première Restauration dans sa fonction par Louis XVIII. Doué d’un grand sens politique et doté d’une grande indépendance d’esprit, il commence comme imprimeur sous la Révolution, éditant notamment La Chronique de Paris. Il participe activement aux journées de Thermidor et s’engage du côté des royalistes. Proscrit au 18 fructidor, il rédige, dans sa retraite, un roman sur les valeurs de l’époque, La Dot de Suzette, qui le rend célèbre. Sous le Consulat, il est arrêté sur ordre de Fouché comme conspirateur royaliste, mais Bonaparte lui trouve du talent et l’envoie en Angleterre en 1802 en mission d’information. Dans ses Lettres d’Angleterre, Fiévée rédige ses réflexions sur la situation du pays, l’administration et les finances. De 1805 à 1807, malgré l’opposition de Fouché, il s’occupe du Journal des Débats qui devient Journal de l’Empire, mais il est vite accusé d’y maintenir l’esprit révolutionnaire.

En mars 1810, Fiévée est nommé maître des requêtes au Conseil d’Ẻtat, puis préfet de la Nièvre, le 17 mars 1813. Adepte des libertés locales, il se trouve confronté au centralisme napoléonien qu’il tente de combattre, constate la pauvreté du département malgré les richesses qu’il détient.

Il s’entend bien avec les notables et s’oppose, autant qu’il le peut, à la conscription. Il assiste sans surprise à l’écroulement de l’Empire qu’il avait prévu dans ses écrits dès 1812. Maintenu par Louis XVIII lors de la première Restauration, il montre sa fermeté, en mars lors du retour de Napoléon et prépare avec le général de Coetlosquet la défense de Nevers. Dans la soirée du 14 mars, une insurrection de 4000 personnes en faveur de l’Empereur éclate. Le sang froid de Fiévée évite le pire. Il est destitué le 25 mars. Il en profite pour publier en 1815 et 1816 sa Correspondance politique et administrative. Après 1818, il évolue vers le libéralisme et défend fortement la liberté de la presse, ce qui lui vaut d’être à nouveau condamné à trois mois d’incarcération ; par la suite, il collabore au Temps en 1829, puis au National en 1831. Il meurt 9 Mai 1839 à Paris.

Jean Tulard, Joseph Fiévée, conseiller secret de Napoléon, Fayard, 1985, 250 p. - Les auteurs nivernais de 1715 à 1815, exposition, Bibliothèque municipale de Nevers, 18 sept.-17 oct. 2004, catalogue Guy Thuillier, Nevers, Société académique du Nivernais, 2004, p. 97-98 (longue description des écrits de Fiévée)