LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1570 ● Naissance de Jean Lacurne, avocat, lieutenant criminel et parémiologue

On discute encore sur la date exacte de sa naissance, mais on sait qu’il fut baptisé en l’église Saint-Laurent d’Arnay-le-Duc. Après une solide formation chez les jésuites, complétée par des études à Paris, il devint avocat à Autun, puis lieutenant criminel au bailliage d’Arnay. Grand érudit, passionné par l’étude des langues anciennes et modernes, il fut l’ami de plusieurs savants bourguignons, dont le docte Saumaise.

Sa charge lui laissant beaucoup de loisirs, il put se consacrer à ses travaux littéraires. Il écrivit notamment une Anthologie et conférence des proverbes françois, italiens et espagnols, brocards et formules du droict françois, métaphores et comparaisons proverbiales, rédigée sans doute entre 1618 et 1629. Le manuscrit en était conservé sans nom d’auteur à la BnF. Mais deux philologues, un Canadien, Michael Kramer, et un Français, Antoine Haaker, de l’Université de Wroklaw (Pologne), ont récemment conclu que Lacurne était sans conteste l’auteur de cette œuvre monumentale, qui comporte, bien qu’incomplète, 2810 proverbes français, 276 italiens et 811 espagnols. L’abbé Papillon avait déjà mentionné cette anthologie dans sa Bibliothèque des auteurs de Bourgogne ainsi que, du même auteur, des commentaires sur un écrivain médiéval et un théologien contemporain, et une note sur son compatriote Bonaventure des Périers, qu’il publiait in extenso.

  1. Haaker signale également ses correspondances, adressées à Saumaise, au jeune Arnétois François Florent (qui deviendra un célèbre jurisconsulte), à François de Sales et à Jeanne de Chantal. Elles révèlent sa grande érudition, son intérêt pour l’éducation et sa profonde piété.

Jean Lacurne décéda à Arnay-le-Duc le 21 juin 1631. N’ayant pas eu d’enfants, il fit des jésuites d’Autun, en reconnaissance de l’éducation qu’il en avait reçue, ses seuls héritiers, à charge pour eux d’entretenir à perpétuité en la ville d’Arnay deux régents « pour l’instruction de la jeunesse d’icelle ville en la doctrine chrestienne, & bonnes mœurs & bonnes lettres jusques à la congruité en grammaire latine et principes de la grecque » (testament du 23.4.1631 : ADSL, D71).

Après l’expulsion en 1763 des jésuites, qui s’acquittaient d’ailleurs bien mal de leurs obligations, l’administration du collège revint à la ville d’Arnay, comme le testament le stipulait. L’établissement fut fermé en 1912. Au fronton du portail, on lisait : COLLEGE FONDE PAR Me JEAN LACURNE LIEUTENANT CRIMINEL AUX BAILLIAGE & CHANCELLERIE D’ARNAY LE DUC EN L’AN MDCXXXI.