LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1919 ● Naissance de Georges Duby, historien

Georges Duby fut un enfant de Paris où il naquit le 7 octobre 1919, mais un adolescent de Mâcon, où il suivit ses études secondaires au Lycée Lamartine. Sa famille paternelle était originaire de la Bresse de Bourg. Il devait, un peu plus tard, créer de nouveaux liens avec la Bourgogne du Sud en épousant Andrée Combier, d’une famille bien connue de la région. Rien d’étonnant donc à ce qu’il ait d’abord tâté de la géographie, qui lui permettait d’analyser les paysages de sa contrée d’élection, avant de se tourner vers l’histoire, qui en éclairait la morphogenèse tout en ouvrant grandes les perspectives humaines. Le prodigieux chartrier de Cluny fut le terrain de ses premières expériences de médiéviste. Coup d’essai, coup de maître : il en sortit une thèse, La société aux XIe et XIIe s. dans la région mâconnaise, saluée dès sa soutenance en 1952 comme un grand livre sur les temps féodaux. La thèse complémentaire donnait l’édition des pancartes de l’abbaye de La-Ferté-sur-Grosne.

Ces brillants débuts conduisirent Georges Duby vers d’autres cieux : il fut élu à la chaire d’histoire médiévale de l’Université d’Aix et son œil d’artiste fut séduit dès le premier moment par la lumière d’une Provence à laquelle il devait rester fidèle. En 1970, son élection au Collège de France marqua la consécration d’une réflexion aussi audacieuse que modeste ; dans la foulée vinrent l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, puis l’Académie française en 1987. Duby ne se reposa pourtant jamais sur ses lauriers, toujours occupé à défricher de nouveaux terrains, de l’ambitieuse synthèse sur Les trois ordres (1978) aux travaux des dernières années sur la place des femmes dans la société du « mâle Moyen Âge », en passant par un intérêt constant pour l’art et les pouvoirs de l’image. Il mourut le 3 décembre 1996 au Tholonet (Bouches-du-Rhône).

La grande popularité de Georges Duby tient d’abord à un style admirable. Il s’inscrit dans le tout petit groupe des grands historiens qui furent, du même mouvement, de très grands écrivains. Telles pages de son Saint Bernard, de son Dimanche de Bouvines comptent parmi le meilleur de la prose française du XXe s. Étranger à tout conservatisme, il voulut et sut transmettre la « bonne médiévistique » au grand public : qui ne se souvient de la série Le temps des cathédrales (1976) ? Duby fut même, dix ans plus tard, le premier président de la chaine culturelle européenne (alors « La Sept »). On le lira longtemps encore, sous le charme d’un art consommé de donner à voir et à comprendre.

Georges Duby, L’histoire continue, Odile Jacob, 1991, 220 p. ; Georges Duby et Guy Lardreau, Dialogues, Flammarion, 1980, 198 p. ; Dominique Iogna-Prat, « L’atelier de l’historien », préf. à Georges Duby, Qu’est-ce que la société féodale ?, Flammarion, 2002 ; Patrick Boucheron et Jacques Dalarun (dir.), Georges Duby, portrait de l'historien en ses archives, Gallimard, 2015, 472 p.- 8 p. de pl.