LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1818 ● Naissance de Françoise Sauvestre, « illuminée »

Françoise Sauvestre, née le 15 août 1818, est fille de Fauverney, en pays dijonnais. Elle appartenait à une famille très pauvre et fut, pour comble de malheur, frappée dans son enfance d’une rougeole mal soignée qui la laissa lourdement paralysée. Confinée dans sa maison, elle commença à y mener une vie de prière centrée sur une chapelle domestique conforme à la piété mariolâtrique et hagiophile du XIXe siècle. Des dévôts de village prirent l’habitude de se réunir dans ce sanctuaire intime autour de la mystique de Fauverney. On ne plaisantait pas avec la hiérarchie dans la France concordataire, et la pauvre malade fut condamnée à la prison en 1874 pour « exercice illicite du culte » ! À son retour, elle dut s’exiler au village voisin de Magny-sur-Tille, où les prières sans clercs reprirent de plus belle, à la grande fureur du curé, qui lança contre Françoise une véritable persécution. Le secours céleste de la malade était la sainte martyre légendaire Philomène, dont le culte avait été répandu par le curé d’Ars ; Françoise fut en contact avec lui, tout comme l’était l’abbé Javelle, le zélé propagandiste du culte de Notre-Dame de Velars. Se dessinent ainsi les contours d’un monde de prêtres charismatiques et de femmes pieuses, directement lié aux reconfigurations sociologiques d’un catholicisme en déclin. La « sainte de Magny » mourut le 22 avril 1906. Son souvenir, toujours vivant, est un exemple remarquable de vénération sans soutien institutionnel, assise sur la conservation de la maison-sanctuaire et l’entretien d’une tombe monumentalisée, à laquelle les visites ne manquent pas, après plus d’un siècle.

Petite notice sur Mademoiselle Françoise Sauvestre de Magny-sur-Tille (Côte-d’Or), Dijon, 1949, 14 p. ; - Abbé E. Lasseur, Notice sur Mademoiselle Françoise Sauvestre de Magny-Fauverney, Côte-d'Or : sa vie, son église, sa maison, ses prières, 2e éd., Dijon, 1957, 16 p.