LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

1763 ● Naissance de Claude-Antoine Prieur, prieur de la Côte-d’Or – science, technique et défense

Prieur est un de ces hommes ordinaires dont le destin s’accomplit à la faveur de circonstances exceptionnelles. La décennie 1790-1800 suffit à renfermer toutes les actions capables d’assurer la mémoire de son nom.

Il naît à Auxonne, où sa maison est encore visible au 3 rue Vauban, le 22 décembre 1763. Orphelin de mère, il passe enfance et adolescence dans diverses pensions. En 1780, il rejoint à Paris sa tante et bienfaitrice, Madame du Vernois : il  prendra désormais le nom de Prieur du Vernois. Entré à l’Ecole royale du Génie de Mézières le 1er  janvier 1782, il y côtoie un compatriote d’envergure : Gaspard Monge. Il ne démentira jamais, par la suite, sa fidélité au « clan des Bourguignons » : Monge, son professeur à Mézières ; Lazare Carnot, son ancien de Mézières ; Guyton de Morveau, son aîné et cousin, interlocuteur privilégié du grand chimiste Lavoisier. Le  1er mai 1784, sorti avant-dernier de sa promotion devant Rouget de l’Isle, il rejoint Auxonne avec le grade de lieutenant en second du Génie et consacre une part de ses nombreux loisirs à la pratique de la chimie en compagnie de son cousin dijonnais Guyton de Morveau, à l’incitation duquel, sans doute, il rédige, en 1790, un important mémoire relatif au système métrique.

Les événements précipitent alors sa carrière. Le 1er octobre 1791, Prieur est élu député à l’Assemblée législative, il y devient Prieur de la Côte-d’Or. Le 14 octobre 1793, il entre avec Lazare Carnot au Comité de salut public. Il dispense alors sans compter ses qualités d’organisateur et de scientifique au service de l’effort d’armement et participe conjointement à la mise sur pied de l’Ecole Polytechnique, tâche qu’il poursuivra avec l’élaboration du système métrique bien au-delà de sa sortie du Comité de salut public le 6 octobre 1794. Cette œuvre, accomplie en peu d’années, lui vaudra une notoriété qu’oubliera pourtant le siècle suivant. Jugeant probablement, en raison de son passé de régicide, son avenir politique bouché, et doutant d’un avancement militaire hypothétique, il abandonne successivement la vie publique en 1798 et le métier des armes en 1801. Partageant dès lors sa vie entre Paris et sa province, il mène la vie sans éclat d’un bourgeois aisé et meurt à Dijon, dans une presque indifférence, le 11 août 1832.- MS

Claude Speranza, La science et l’Arsenal ou quelques aspects de l’héritage historique du Lycée Prieur de la Côte-d’Or relatifs aux sciences et aux techniques du Siècle des Lumières, Auxonne-Patrimoine, 1998, 41 p., ill.