LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1871 ● Naissance de Charles Cestre, professeur de littérature et civilisation américaines

Fils d’un professeur du collège, Charles Cestre naquit à Tonnerre le 9 mai 1871. Après des études secondaires à Auxerre, où son père avait été muté, il s’inscrivit en 1890 à la faculté des lettres de Paris : reçu 3e à l’agrégation d’anglais en 1895, il se vit offrir une bourse d’études à l’Université de Harvard, où il obtint un Master of Arts (1896) et surtout se passionna pour la culture et la littérature américaines. De retour en France, nommé au Lycée de Dijon (1898), il se lança dans une thèse sur La Révolution française et les poètes anglais, qu’il soutint en 1906. À Dijon il rencontra Henriette Espinas, née en 1875 dans cette ville où son père, Alfred Espinas (1844-1922), enseignait la philosophie au Lycée à la veille d’une brillante carrière universitaire à Bordeaux et à Paris. Le mariage eut lieu à Saint-Florentin le 3 août 1899.

Maître de conférences à la faculté des lettres de Lyon en 1906, puis en 1909 professeur à celle de Bordeaux, Charles Cestre enseigna la langue et la littérature anglaises : les études américaines, très peu prisées au sein des départements d’anglais, étaient même volontiers méprisées… Ce n’est qu’en 1918 qu’il put entamer à la faculté des lettres de Paris une carrière d’américaniste, qui bénéficia du nouvel attrait pour les réalités d’outre-Atlantique qu’avait suscité l’engagement des États-Unis dans la Grande Guerre. Dès 1921, il publia des travaux sur l’industrie et la classe ouvrière américaines, puis en 1926 une Anthologie de la littérature américaine, mais ce n’est qu’en 1927 que sera enfin inaugurée pour lui une chaire de littérature et civilisation américaines. Au fil des années, il séjournera souvent aux États-Unis comme conférencier de l’Alliance française ou professeur dans diverses universités.

Charles Cestre prit sa retraite en 1941. Les années de guerre furent d’autant plus sombres pour lui que plusieurs drames le frappèrent. En septembre 1943, il perdit sa femme, et en octobre son frère Louis (1883-1963), membre du comité directeur de Libération-Nord, fut arrêté puis déporté à Buchenwald. Quant à son gendre, le résistant Jean Rist, il fut tué en août 1944 lors d’un combat contre les Allemands. Charles Cestre devait s’éteindre à Saint-Florentin le 18 novembre 1958. Ses dernières années furent consacrées, entre autres, à une Histoire de la littérature américaine (1945), à une étude sur Les Poètes américains (1948) et à de nombreuses traductions des œuvres de Hawthorne, Melville ou McCullers. – BC