Le 12 mars 1770, naît dans l’hôtel familial dijonnais, place Saint-Jean, Charles-Balthazar-Julien de Saint-Mémin ; son père, Bénigne-Charles, est conseiller au Parlement de Bourgogne, sa mère, Marie-Victoire de Motmans, créole, est la fille de l’ancien procureur général du Conseil souverain de Port-au-Prince. Il est baptisé le jour même à l’église Saint-Jean. Il grandit au milieu des riches collections d’œuvres d’art, d’objets d’histoire naturelle et d’une importante bibliothèque, et fréquente l’École de dessin. Entré en 1784 comme cadet au régiment des Gardes françaises, nommé enseigne le 27 avril 1786, il voit sa carrière militaire brisée par la dissolution de ce régiment en 1789.
En 1790, le jeune homme franchit clandestinement la frontière suisse, à Fribourg, à la recherche d’un refuge pour sa famille pendant les troubles révolutionnaires. Tous leurs biens (maisons, propriétés, collections) sont alors confisqués et vendus.
En 1793, il se rend, avec son père, aux Etats-Unis, dans l’espoir de rejoindre Saint-Domingue et le domaine de sa mère, mais en vain. Il atteint New-York le 26 octobre 1793, obligé de rester dans ce pays jusqu’en 1814 ; il y devient célèbre et acquiert la notoriété d’un des plus grands portraitistes d’Amérique du Nord.
Durant ces vingt-et-un ans d’exil, pour faire vivre sa famille, il faut trouver un métier. Doué pour le dessin et les arts mécaniques, il se perfectionne dans la gravure et se lance dans le portrait miniature. Il fabrique un modèle amélioré du « physionotrace ». C’est un succès, il reçoit de nombreuses commandes de portraits et de paysages ; il est ainsi l’auteur des deux plus anciennes vues gravées de New-York, datées de 1795.
À la chute de l’Empire, en 1814, il regagne la France et Dijon. Au décès de Claude Hoin, l’artiste est nommé, le 27 juillet 1817, conservateur du Musée, où il a le plaisir de retrouver une partie des collections familiales. Il s’acquitte avec passion et dévouement de cette charge jusqu’à sa mort, en 1852. Il accroît le nombre des salles, des collections, des restaurations ; on lui doit notamment l’aménagement de la « Salle des Gardes » et l’acquisition de La Nativité du Maître de Flémalle. Il fonde, en 1837, la Société des Amis des Arts de Dijon, dont le but est d’encourager les arts et l’industrie.
Nommé membre correspondant de l’Académie des Beaux-Arts le 11 août 1827, Saint-Mémin présente d’innombrables travaux devant l’Académie de Dijon où il a été reçu le 5 janvier 1825 et dans le cadre de la Commission départementale des antiquités, créée en 1831, dont il est membre fondateur. Il décède à Dijon le 3 juin 1852, après 82 années d’une vie fort riche et remplie de péripéties.
Madeleine Hérard, « Contribution à l’étude de l’émigration de Charles-Balthazar-Julien Févret de Saint-Mémin aux États-Unis de 1793 à 1814 », Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, t. 117, 1970, p.129-176 ; -Pierre Quarré, « Févret de Saint-Mémin, archéologue », Mémoires de la Commission des antiquités du département de la Côte-d’Or, t. 26, 1963-1969, p. 489-495 ; - Un descendant d’une grande famille de parlementaires bourguignons, Charles-Balthazar-Julien Févret de Saint-Mémin, artiste, archéologue, conservateur du Musée de Dijon, cat. exposition Musée de Dijon, 1965, 78 p., 15 pl.