LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1471 ● Naissance d’Antoine, Grand Bâtard de Bourgogne

Le nom de Grand Bâtard de Bourgogne reste attaché, au moins dans sa province, à Antoine de Bourgogne (1421-1504), un fils naturel de Philippe le Bon et de Jeanne de Presle, mais il ne prit ce titre qu’à la mort de son demi-frère Cornille tué à la bataille de Gavre en 1453. Son père le dota de plusieurs seigneuries entre Calais et Cambrai, depuis Ardres et Tournehem jusqu’à Remilly et Crèvecœur. Chevalier de la Toison d’or en 1456, il intégra donc le groupe étroit des grands dignitaires, soutiens assermentés des ducs de Bourgogne. Il eut ainsi le commandement des troupes ducales dans les « pays de Bourgogne », et prit part à des expéditions en Méditerranée. On le rencontre dans les joutes fameuses du temps, le Vœu du Faisan à Lille en 1454, ou les fêtes de l’Arbre d’or à Bruges en 1468. Il dirigea un corps d’armée à Montlhéry, participa au siège de Neuss en 1474, et aux dernières batailles du duc Charles, à Morat, Grandson et Nancy, où il perdit son collier de la Toison d’or et fut fait prisonnier. Mais il céda sans peine, semble-t-il, aux avances du roi de France, qui le fit en 1478 comte de Sainte-Menehould, et en 1480, entrer dans l’Ordre de Saint-Michel. Même si la dévolution du duché à Philippe le Hardi en 1364 n’avait pas été un véritable apanage, a-t-il considéré que faute d’un héritier mâle de Charles le Hardi en 1477, le ralliement au roi Louis XI s’imposait ?

Rogier de la Pasture a laissé deux portraits d’Antoine, l’un au Musée royal des beaux-arts à Bruxelles, l’autre au musée de Chantilly, et Memling une effigie plus tardive, au musée de Dresde. Il existe aussi une remarquable médaille de Jean Candida. Les portraits donnent le sentiment d’un homme de valeur, ferme et énergique. L’emblème du Grand Bâtard est une barbacane, volet de meurtrière en forme de huchette, sculptée dans l’église d’Ardres, et sur le porche d’un ancien moulin de Tournehem. Cette marque est peinte dans de nombreux manuscrits ayant appartenu à Antoine de Bourgogne. – JCG

 

« Il y a 500 ans, Antoine Grand Bâtard de Bourgogne », Signum, n° 16, déc. 2004, p. 3-10.