LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1867 ● Naissance d’Albert Mahaut, musicien aveugle

Albert Mahaut, fils du patron marinier Auguste Mahaut, « apôtre des canaux » et adversaire de la Loire navigable, est né aveugle le 13 février 1867 à Saint-Léger-des-Vignes (Nièvre). Il entre en 1876 à l’Institut national des jeunes aveugles et y effectue sa scolarité, obtenant en 1883 le brevet de capacité du primaire. Il avait pris contact avec l’orgue en étant le souffleur d’orgue de Maurice de La Sizeranne dès 1877. Il rejoint en 1888 la classe d’orgue de César Franck au Conservatoire national supérieur de musique de Paris : il y obtient en 1889 le premier prix d’orgue et est alors nommé professeur d’harmonie à l’Institut, où il va rester jusqu’en 1924. Il est titulaire de la tribune d’orgue de Saint-Pierre de Montrouge en 1892, puis de Saint-Vincent-de-Paul, place qu’il abandonnera en 1909 pour se consacrer à l’éducation des non-voyants. Il révèle au grand public l’œuvre d’orgue de César Franck jusqu’alors inconnue : ses concerts triomphaux au Trocadéro sont restés célèbres, en particulier celui du 28 avril 1898, consacré à l’intégrale de la musique d’orgue de son maître César Franck, ce qu’il a renouvelé en mars 1905 à Saint-Léon de Nancy. G. de Boisjolin le juge ainsi : « Comme son collègue M. Marty et quelques autres artistes, M. Mahaut est un des plus brillants organistes sortis de cette belle institution : son jeu délié et sympathique séduit de suite et frappe par son élégance et sa correction. »

Mahaut s’est surtout consacré à l’insertion des aveugles dans la vie courante, soulevant le problème crucial des blessés de la guerre mondiale, prononçant des conférences en France, en Suisse, en Allemagne et même en Afrique du Nord où il s’est rendu plusieurs fois dans les trois pays en 1938. Il a publié plusieurs livres, un sur l’œuvre de César Franck (1905) et deux autres : L’Homme d’aujourd’hui rend-il gloire à Dieu ? (1920) et Le Chrétien, homme d’action (1923). Il a laissé peu de compositions, mélodies et pièces d’orgue. Il est décédé à Rennes en mars 1943.

Pierre Volut, « Albert Mahaut, organiste, responsable de l’Institut Valentin Haüy et écrivain », Cahiers nivernais d’histoire de l’éducation, n° 21, 2007, p. 66-72 et Decize et son canton au XIXe siècle et à la Belle Époque (1800-1914), l’auteur, 1999, p. 153.