LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1771 ● L’ingénieur Gauthey et la construction du Panthéon

En 1771, paraît un Mémoire sur l’application des principes de la méchanique [sic] à la construction des voûtes et des dômes.  Son auteur, Émiland-Marie Gauthey, est depuis 1758 sous-ingénieur des états de Bourgogne mais a également reçu une formation d’architecte auprès de l’atelier de Gabriel Dumont où il fit la rencontre de Soufflot. C’est cette double casquette d’ingénieur et d’architecte qui le pousse à intervenir dans le grand débat portant sur le dôme de l’église Sainte-Geneviève de Paris (actuel Panthéon) que construit Soufflot. Pierre Patte, architecte et successeur de Blondel, se fondant sur les théories développées par Philippe de La Hire au siècle précédent, affirme dans son Mémoire sur la construction de la coupole, projetée pour couronner la nouvelle église de Sainte-Geneviève à Paris, paru en 1770, que les piliers déjà exécutés et destinés à porter la voûte « n’avaient pas les dimensions nécessaires pour espérer d’y élever un semblable ouvrage avec solidité ». Un vif débat se fait jour. Gauthey entend démontrer le contraire en faisant une savante démonstration où l’on emploie « les principes mathématiques et surtout les règles de la mécanique ». De plus, il considère que le raisonnement de La Hire et Patte ne s’applique qu’aux voûtes en berceau et non aux coupoles. Par ce mémoire, Gauthey sut surtout se faire connaître du milieu des architectes et des ingénieurs parisiens et acquit une réputation qui le fit siéger ensuite dans toutes les commissions liées à Sainte-Geneviève. Au terme de son mémoire, Gauthey affirme que les piliers de Sainte-Geneviève, tels qu’ils ont été réalisés, « pourraient supporter un dôme beaucoup plus considérable que celui-ci » et que les architectes de Sainte-Geneviève et La Madeleine « feront sans doute époque dans l’histoire du goût de l’architecture ». À ce texte, Gauthey voulut encore ajouter la preuve matérielle et fut l’un des précurseurs du test de résistance des matériaux. Il s’y employa encore les années suivantes avec l’église de Givry. – PhM

 

Anne Coste, « L’église de Givry : les emprunts au modèle gothique », Anne Coste, Antoine Picon, François Sidot, dir., Un ingénieur des Lumières : Émiland-Marie Gauthey, Presses de l’École nationale des ponts et chaussées, 1994, 279 p., ill. ; – Jacques Guillerme, « Brèves remarques à propos d’un monument expérimental », Revue de l’art, n°58-59, 1983, p. 85-94, ill.