LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1720 ● La peste de Marseille menace la Bourgogne

La dernière grande épidémie de peste subie en France touche Marseille à partir de juin 1720. Elle a probablement été apportée par un navire, Le grand Saint-Antoine, venu de Syrie et arrivé le 25 mai 1720. La maladie est reconnue le 9 juillet et les premières mesures d’isolement de la ville sont prises par le Parlement d’Aix-en-Provence le 31 juillet 1720. La peste a décimé la population marseillaise en août et septembre 1720 faisant 30 à 40 000 morts.

En dépit des précautions, elle s’étendit à la Provence, à Toulon, Arles et Aix-en-Provence, y faisant 100 à 140 000 morts au total. Bien que la grande foire de Beaucaire ait été supprimée cette année-là, la peste atteignit aussi le Comtat Venaissin (que l’on avait tenté de protéger en construisant un « mur de la peste » long de 27 kilomètres), le Gévaudan, le Vivarais et le Bas Languedoc en 1721. Après une accalmie, l’épidémie reprit, sans s’étendre, en 1722 pour s’achever à la fin du mois d’août.

En Bourgogne, comme ailleurs, des mesures ont été prises pour éviter la propagation de la peste dans les villes, notamment le long de la Saône et dans les parties méridionales de la province. Appuyant les multiples décisions locales, l’arrêt du Conseil d’État du 14 septembre 1720 les a unifiées. Devant le danger persistant, le Régent, Philippe d’Orléans, créa en janvier 1721 un Bureau pour suivre les progrès de l’épidémie, transformé en Conseil de Santé en juin suivant. Lors de la recrudescence de l’épidémie en 1722, les armées royales ont été appelées à former des cordons sanitaires et les villes ont remis en vigueur les antiques obligations de guet et de gardes des portes. Les habitants, à tour de rôle, étaient chargés d’empêcher tous les voyageurs, venus de régions contaminées, d’entrer. De nombreux registres sont conservés (comme à Dijon, archives municipales HH 61-69, février à septembre 1722) et mériteraient d’être exploités. Dans ces circonstances pourtant dramatiques, les résistances et les refus de monter la garde n’ont pas manqué : c’est la dernière fois qu’on demandera aux citadins de s’y plier.

Charles Carrière, Marcel Coudurié, Ferréol Rebuffat, Marseille ville morte : la peste de 1720, éd. rev. et augm. Marseille, J. Garçon, 1988, 362 p. (1e éd. 1968).