Bourgade des bords de Loire composée principalement de mariniers, de petits artisans et de manouvriers, Digoin possède peu de terres à céréales. Une succession d’hivers et de printemps calamiteux a engendré une série de récoltes médiocres et à l’hiver 1771, il n’est plus un grain. La famine rôde. Hugues Mayneaud de Bisefranc (1715-1781), écuyer, receveur des fermes du roi, homme aussi riche qu’il est pieux selon tous les témoignages récoltés, prend l’initiative d’acheter auprès de marchands orléanais une cargaison de blé et de maïs d’un montant de 20 000 livres qu’il fait distribuer à la population digoinaise. De cette charité, il ne tire aucune fierté et ne s’en vanta pas lorsqu’il reçut en son domicile l’abbé Courtépée. Ce dernier n’apprit cet acte de générosité que le lendemain et il écrivit alors : « Une telle action eût mérité, d’être gravée sur une colonne au bord de Loire. » Les Digoinais ne lui rendirent hommage qu’au milieu du XIXe siècle en donnant le nom à une rue neuve de la commune, en y faisant expressément figurer la mention « sauva Digoin de la famine en 1771 ». – PhM
Paul Chaussard, Images du passé digoinais, Moulins, Cahiers bourbonnais, 1966, 160 p., nlle éd., préf. J. Richard, 279 p.