« L’Académie de Dijon lui doit sa naissance et sa réforme : il l’a tirée du néant où l’ignorance l’avait plongée et où elle serait éternellement demeurée sans lui. Les difficultés qu’il a éprouvées tant au dedans qu’au dehors de l’Académie auraient rebuté une âme moins ferme et un esprit moins patriotique ; elles sont la preuve qu’il était seul capable d’exécuter ce glorieux projet. » De qui Gilles-Germain Richard de Ruffey évoquait-il ainsi l’action dans son Histoire secrète de l’Académie ? De lui-même ! L’attribution du prix à Jean-Jacques Rousseau en 1750 avait attiré l’attention des savants sur la Compagnie créée par Hector-Bernard Pouffier dix ans plus tôt. À l’instar du Président Bouhier, Gilles-Germain Richard, seigneur de Ruffey, Trouhans, Vesvrotte, et du Matray, né le 17 octobre 1706 à Dijon, élu du roi puis président à la Chambre des comptes de la ville, réunissait ses amis de la haute robe dans la vaste galerie construite pour ranger une nombreuse bibliothèque dans son hôtel de la rue Berbisey, reconstruit par Jean Caristie. En 1752, il fonda une Société littéraire, d’une quinzaine de membres, dans le dessein d’abattre la Compagnie bourgeoise qui travaillait dans un sombre galetas… Le Président de Brosses en rédigea les statuts, tout à l’opposé des académiques, et anima la plupart des travaux avec Buffon. Mais les lettres patentes n’arrivèrent jamais, les rangs s’éclaircirent naturellement, et Richard de Ruffey demanda, puis un petit temps après obtint, une place d’académicien honoraire en 1759 et fut élu vice-chancelier en 1762, charge qu’il assuma jusqu’en 1770, s’occupant de tout, achetant un poêle ou rédigeant des catalogues, trouvant des fonds (ainsi, auprès du marquis du Terrail), jusqu’à se fâcher des résistances qu’il rencontrait et à se retirer. Il mourut à Dijon le 19 septembre 1794, 5 ans après le suicide de sa fille, Sophie de Monnier, et cinq mois après l’exécution de son fils Frédéric-Henri, guillotiné.
Histoire secrète de l'Académie de Dijon de 1741 à 1770 composée et annotée par le Président Richard de Ruffey, Bibliothèque municipale de Dijon, ms 1625-1626; éd. partielle Maurice Lange, Hachette, 1909, 192 p.