LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1571 ● Entrée à Auxerre de l’évêque Jacques Amyot

Le 29 mai 1571, un nouvel évêque fait son entrée solennelle à Auxerre. Il s’agit de Jacques Amyot, âgé de 57 ans, illustre humaniste, traducteur d’Héliodore et surtout de Plutarque (La vie des hommes illustres, 1559 ; Les œuvres morales et meslées, 1572), prélat très en cour : précepteur des enfants de Henri II, Charles IX et Henri III en 1557, nommé Grand Aumônier de France par Charles IX en 1561. Il n’en fut pas moins un évêque actif et assez présent dans son diocèse en cette période des guerres de religion et des débuts de la réforme catholique.

Ses principales mesures ont été l’ouverture du chantier de restauration du chœur de la cathédrale (1572), le règlement de l’Hôtel-Dieu d’Auxerre (1579), la diffusion d’un nouveau bréviaire (1580), la fondation d’un collège jésuite à l’origine du lycée qui porte toujours son nom (1584). Mais il demeure lié à la cour où sa fortune est à son apogée (conseiller du roi Henri III, maître de sa bibliothèque, un des premiers prélats nommés dans l’ordre du Saint-Esprit en 1578). Il s’est engagé en faveur des Auxerrois pour leur épargner les conséquences des guerres de religion, assurant le roi de la loyauté de sa capitale épiscopale.

Le 23 décembre 1588, il est à Blois lors de l’assassinat des Guise, chefs du parti catholique, la Ligue. Il célèbre la messe du 1er janvier 1589 en présence du roi, il est donc passible de l’excommunication prononcée par la Faculté de théologie de Paris contre le roi et les prélats ayant célébré la messe en sa présence.

À ce moment, la ville d’Auxerre rejoint la Ligue. Lorsque J. Amyot y revient, le 29 mars 1589, il est victime d’une double émeute aux portes de la ville et à celles de la cathédrale qui lui est interdite par les chanoines. L’hostilité, durable, contraint l’évêque à ne plus quitter la ville, voire le palais épiscopal d’autant qu’à la mort d’Henri III, il ne se rallie pas à Henri IV. Son excommunication levée, son absolution définitive prononcée, Jacques Amyot reprend ses fonctions épiscopales prêchant le Carême à Auxerre en 1590 et ordonnant un cycle de prières et de pénitences. – CL

 

Michel Veissière, « Jacques Amyot, évêque d’Auxerre (1570-1593) », Fortunes de Jacques Amyot, actes du colloque international de Melun (18-20 avril 1985), dir. Michel Balard, A. G. Nizet, 1986, p. 167-176 ; – Bernard Moreau, « La restauration du chœur de la cathédrale d’Auxerre sous l’épiscopat de Jacques Amyot (1571-1593) », Bulletin de la Société des fouilles archéologiques et des monuments historiques de l’Yonne, n° 11, 1994, p. 31-41. – Sylvie Le Clech-Charton, Les vies de Jacques Amyot, CTHS, 2013, 263 p. (« Format », 73).