LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1916 ● Décès d’Édouard Pail, peintre paysagiste

Natif de Corbigny (17 octobre 1851), Édouard Pail bénéficie très jeune des cours de dessin et peinture d’Hippolyte Lavoignat, entre autres illustrateur pour Viollet-le-Duc. Sa précocité lui permet d’exposer au Salon dès l’âge de 19 ans, en 1870, avec deux paysages des environs de Corbigny. Ses participations y seront régulières, ainsi qu’aux expositions de Nevers. Le Salon parisien ne lui accordera une médaille qu’en 1893. Parallèlement, il voyage, notamment en Belgique, au Moyen-Orient et en Algérie, où il se marie en 1886. Il reste toutefois très attaché au Nivernais, et prend une part active dans la vie artistique locale : il est membre fondateur de l’Aiguillon en 1880, et du Groupe d’émulation artistique en 1902. Il correspond régulièrement avec Achille Millien, dont il illustre plusieurs ouvrages.

Hormis une parenthèse alimentaire qui le voit travailler à partir de 1880 dans un atelier de confection de panoramas, très en vogue à l’époque, sa peinture sera toujours centrée sur les paysages du Morvan. Alternant petits et grands formats, tirant à la fois leçon du classicisme d’Hector Hanoteau et des expérimentations impressionnistes, il parvient à se forger un style propre où une touche vibrante valorise son talent de coloriste. En ce sens, il est plastiquement proche de l’École de Crozant.

Un relatif succès et quelques achats publics viendront tardivement, à la toute fin du XIXe siècle. Une ouverture vers le marché américain, friand de paysages européens « typiques », le verra ensuite reproduire jusqu’à la fin de sa carrière une même recette où domine la gamme des roses et violets des bruyères morvandelles, qu’il parsème de moutons. Jules Renard pointera avec ironie cette relative dérive commerciale de sa peinture dans son Journal (1908) : « Maintenant, c’est le mouton qu’on demande à Pail. Il ne fait que des moutons. On ne veut plus que des moutons. L’Amérique crie : des moutons ! Surtout donnez-nous des moutons ! »…

François Bendell. « Édouard Pail (1851-1916) ». In Vents du Morvan n°43, 2012.