LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1867 ● Décès de Sophie Rude, peintre

Née à Dijon le 28 prairial an V (16 juin 1797), Sophie Fremiet est issue d’une famille de notables appartenant aux cercles artistiques, intellectuels et bonapartistes de la ville. Son grand-père maternel, Louis-Gabriel Monnier, graveur et ami de François Devosge, fut le premier conservateur du Musée de Dijon en 1799. Elle suit des cours de dessin à Dijon, auprès du peintre Anatole Devosge. Impliqué dans les Cent-Jours, son père, Louis Fremiet, contrôleur des contributions, est condamné à l’exil. Sophie épouse, à Bruxelles, le 25 juillet 1821, le sculpteur dijonnais François Rude, qui a accompagné la famille. Le couple mène une vie laborieuse et heureuse, comblée par la naissance de leur fils Amédée en 1822, qui décédera prématurément en 1830.

Sophie suit l’enseignement d’un illustre peintre exilé, Jacques-Louis David et, dès 1818, expose au Salon de Bruxelles aux côtés de son époux, et à ceux de Gand et d’Anvers, Ariane abandonnée dans l’île de Naxos (1826). En 1827, le couple regagne la France et s’installe à Paris. Sa formation classique auprès d’Anatole Devosge à Dijon, puis de David à Bruxelles, lui inspire d’abord des sujets mythologiques, La Belle Anthia (1820), bientôt supplantés, à partir des années 1830, par des thèmes empruntés à l’histoire nationale, plus conformes alors au nouveau goût romantique, la Duchesse de Bourgogne arrêtée aux portes de Bruges en 1436 (Salon de 1841). Puis, dès 1840, elle ne se consacrera plus qu’au portrait, domaine dans lequel son talent peut s’épanouir librement. Tous ses portraits, qu’ils soient intimistes ou d’apparat, témoignent d’un réalisme sobre et élégant, ainsi que d’un sens psychologique aigu. Sa sensibilité féminine s’accorde bien à cet art dont elle maîtrise tous les effets : sens des attitudes et des poses, rendu subtil des carnations et des physionomies, attention porté au traitement des étoffes et des accessoires, jeux d’ombre et de lumière. À côté des portraits intimes peints pour ses proches, elle doit répondre à des commandes de la bourgeoisie parisienne et dijonnaise de la Monarchie de Juillet, puis du Second Empire, Portrait de Madame Guerbois et de sa fille (1861). Décédée à Paris le 4 décembre 1867, Sophie Rude est inhumée auprès son époux, disparu en 1855, au cimetière Montparnasse. Avec son Autoportrait et le Portrait de François Rude, (1842), elle nous laisse l’image de l’intimité familiale d’un grand couple d’artistes dijonnais.

Monique Geiger, Sophie Rude peintre et femme de sculpteur, une vie d'artiste au XIXe siècle (Dijon-Bruxelles-Paris), Société des Amis des Musées de Dijon, 2004, 189 p., ill. - François et Sophie Rude. Un couple d'artistes au XIXe siècle, citoyens de la Liberté, exposition, Dijon, 12 oct. 2012 – 28 jan. 2013, catalogue Sophie Barthélemy et Matthieu Gilles, Somogy éd. d’art et musée des Beaux-arts de Dijon, 2012, 295 p.