Né en 1820 à Dunkerque, Henri est le fils de Pierre-Jean-Baptiste Pichot L’Amabilais, polytechnicien et capitaine au Corps d’Armée du duc d’Angoulême, et le petit-fils du baron Deschodt. À 18 ans, il reçoit de la Monarchie de Juillet le titre de baron héréditaire, sur transmission de majorat et de titres de son grand-père. Le jeune homme s’inscrit à la Faculté de droit de Poitiers, puis de Dijon, lorsque son père reçoit, en 1841, sa nomination de chef du Génie à Auxonne, où il atteindra le grade de lieutenant-colonel. En 1845, Henri Pichot accède au doctorat. Avocat stagiaire de 1846 à 1849, il semble n’avoir jamais plaidé et sa carrière s’arrête là. Qualifié de propriétaire, il mène une existence confortable. Résidant en 1850 rue Berbisey, il commence alors à constituer une collection d’œuvres d’art, en partie acquise chez la famille Tagini, qui tient un commerce de curiosités et d’objets d’art à Dijon.
Sans doute, ayant besoin d’espace afin de mieux abriter sa collection, Pichot fait l’acquisition, le 27 septembre 1851, d’un hôtel au n° 9 de la rue Saint-Pierre (actuelle rue Pasteur) ; Lucie Liautaud, mère de leur fille, Marie-Henriette, née à Dijon le 13 novembre 1845, l’y rejoint en 1868 et meurt quelques mois plus tard, âgée de 43 ans. Lui-même décède l’année suivante à l’âge de 49 ans, léguant sa fortune et sa collection à leur fille. Le 3 mai 1869, Henriette Liautaud épouse le docteur Paul Dard. Le couple vit dans l’hôtel paternel et veille sur la collection.
Marie-Henriette Dard s’éteint le 27 février 1916 sans postérité. Par son testament du 30 janvier 1911, elle lègue la totalité de ses collections artistiques à la Ville de Dijon, sous condition de les réunir dans une salle portant le nom de « Salle du Docteur et de Madame Paul Dard ». Une somme de 30 000 francs est prévue pour les frais d’installation.
Le Conseil municipal accepte le legs par la délibération du 20 mars 1916, mais la présentation fut retardée à 1921. C’et un prestigieux ensemble de plus d’un millier de pièces qui entre au Musée : objets d’art religieux, armes, meubles, céramiques, miniatures, sculptures, orfèvrerie, émaux, ivoires, étains, vitraux, verrerie… Le fonds des peintures comporte un exceptionnel ensemble de primitifs suisses et rhénans ( Konrad Witz, Maître de la Passion de Darmstadt, Maître à l’Œillet de Baden…) précieux restes de la parure des églises helvétiques échappés au rigorisme de la Réforme.
Marguerite Guillaume, «Une collection exceptionnelle en France : les primitifs suisses du Musée de Dijon», Mémoires de l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, t.125, 1981-1982, p.172-186.