LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1716 ● Décès de Marie-Casimire de La Grange d’Arquien

Deuxième fille d’Henri de La Grange, marquis d’Arquien, colonel du régiment de cavalerie et capitaine des Cent Suisses de Philippe d’Orléans, Marie-Casimire naquit le 28 juin 1641 à Nevers. Dame d’atour de la reine de Pologne Marie-Louise de Gonzague, elle épousa à dix-sept ans Jacob Radziwill prince de Zamoyski, débauché, mais fort riche. Veuve le 7 avril 1665, elle se remaria immédiatement avec Jean Sobieski, né en 1629, ancien mousquetaire d’une compagnie de la garde de Louis XIV enfant et futur grand maréchal de la Couronne polonaise en 1665. Il fut élu roi de Pologne en 1674 sous le nom de Jean III. Celle qu’on appela Maria-Kazimiera Sobieska devint ainsi reine de Pologne. Le roi Jean mena avec succès des campagnes contre les Turcs et récupéra la Moldavie. Mais son projet de monarchie héréditaire échoua à la diète en 1689. De forte corpulence, il mourut d’apoplexie en 1696, à 72 ans, laissant trois fils et une fille.

Marie-Casimire s’occupa activement de sa famille. Elle fit venir en Pologne son père devenu veuf et obtint pour lui le cardinalat bien que sa vie ne fût en rien digne d’un prélat. Marie-Casimire assura aussi l’avenir de ses enfants. Son fils aîné Jacques, filleul de Louis XIV, devint prince royal de Pologne et du grand duché de Lithuanie, mais il ne put accéder au trône de Pologne. Le second, Constantin, soupçonné de comploter pour le trône, fut emprisonné comme son frère Jacques pendant trois ans. Le troisième, Alexandre, se fit moine capucin. Le pape Innocent XII lui accorda des funérailles princières en 1714. La fille de Marie-Casimire, Thérèse « vive et jolie » épousa l’électeur de Bavière Maximilien-Emmanuel.

Marie-Casimire était très belle. Sa vivacité était son plus grand charme. Son extravagance, son amour des intrigues, sa pétulance mirent à l’épreuve la loyauté de son mari sans jamais pourtant le lasser. Elle s’enrichissait aussi, faisant argent de tout, y compris en commerçant directement avec les Français dont elle avait, comme la reine qui l’avait précédée, fortement encouragé l’immigration dans son nouveau pays. Outre des propriétés dans le Nivernais et l’Auxerrois, elle était à la tête d’une fortune considérable.

Après la mort de Sobieski et des désaccords familiaux sur le sort de la couronne et les joyaux du trésor royal, Marie Casimire fut exilée en janvier 1697. Munie d’un passeport français, elle prit le chemin de l’Italie où elle fut accueillie avec tous les honneurs. Elle y séjournera pendant quinze ans, entourée d’une véritable cour et dépensant sans compter. Elle revint en France et, après un séjour chez sa sœur au château des Bordes, elle gagna en 1714 le château de Blois, mis à sa disposition par Louis XIV. Elle l’occupa jusqu’à sa mort le 30 janvier 1716. Sa dépouille fut conduite en Pologne où on l’inhuma dans l’église des capucins à Varsovie.

 

Hubert Verneret, Marie de La Grange d'Arquien (1541-1716), une Nivernaise règne sur Varsovie et Rome, Précy-sous-Thil, l'Armançon, 1997, 253 p., ill. ; - Bernard de Gaulejac, « Marie Casimire de La Grange d’Arquien, reine de Pologne », Bulletin de la Société nivernaise des lettres, sciences et arts, t. 36, 1964-1987, p. 67-76 ; - Alain Bouthier, « L'affairisme de Marie-Casimire, reine de Pologne », Mémoires de la Société académique du Nivernais, t. 78, 2004, p. 7-45.