LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

1865 ● Décès de Louis Dietsch, compositeur et chef d’orchestre

Né à Dijon le 17 mars 1808 d’un père allemand et d’une mère dijonnaise, il commence ses études musicales à la maîtrise de la cathédrale et les poursuit au Conservatoire national à Paris. Prix de contrebasse, il joue à l’orchestre des Italiens, est organiste à Saint-Eustache où il sera nommé maître de chapelle. Il occupera ensuite ce poste à l’église de la Madeleine. Par ailleurs, il a été professeur à l’École Niedermayer dont il sera directeur. Compositeur, il a écrit essentiellement de la musique religieuse, une vingtaine de messes assez appréciées. L’Opéra de Paris le recrute comme chef des chœurs puis premier chef d’orchestre. Mais cela va l’entraîner dans une aventure qui le confrontera à Richard Wagner à deux reprises. En 1841, Wagner propose à Paris son projet pour le Vaisseau fantôme ; le directeur refuse et lui achète seulement le livret pour 500 francs, solution que l’impécunieux Wagner est contraint d’accepter. Dietsch est chargé de composer la musique ; ce Vaisseau fantôme ou le Maudit des mers sera joué en 1842, il aura onze représentations et il sombrera dans l’oubli ! En 1861, Wagner fait représenter Tannhäuser à Paris : Dietsch refuse à Wagner de diriger lui-même son œuvre et c’est lui qui la conduira, ne pouvant éviter un échec que Wagner ne pardonnera jamais à Paris ! La Légion d’honneur a été attribuée à Dietsch pour la qualité de ses œuvres dans le domaine sacré mais sa carrière s’achève en 1863, date à laquelle il est contraint de quitter l’Opéra. Il mourra subitement le 20 février 1865 à Paris. Dijon célèbre son souvenir : une rue porte son nom, un buste est apposé en 1882 sur la façade de sa maison natale, rue Jean-Jacques Rousseau ; l’Académie lui a consacré une importante notice. En 2013, on a joué dans une même soirée les deux Vaisseau fantôme ; Wagner l’emporta sur Dietsch dans cet essai de réhabilitation, mais l’œuvre du Dijonnais a depuis été reprise en tant que représentative d’un académisme parfois brillant de la musique des années romantiques. – PF

 

Charles Poisot, Notice sur Louis Dietsch lue à l’Académie de Dijon le 11 janvier 1877, Dijon, Lamarche, 1877, 71p. ; - Christian Merlin, « La bataille des Vaisseau fantôme », Le Figaro, 29 mai 2013.