LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1913 ● Décès de Louis Cailletet, chimiste

Louis Cailletet est né à Châtillon le 21 septembre 1832. Après des études au collège de Châtillon-sur-Seine, au Lycée Henry IV de Paris et comme auditeur libre à l’Ecole nationale supérieure des mines, il rejoint son père, maître de forges à Chenecières et à Villote-sur-Ource. En 1857, il envoie son premier mémoire à l’Académie des sciences sur l’élaboration de fer amagnétique. Ayant observé que de petites cloques apparaissent sur les tôles sortant des laminoirs, il détermine que c’est l’hydrogène trouvé dans ces cloques qui fragilise les aciers. Il étudie alors la perméabilité à haute température de la fonte et de l’acier par les gaz : il crée ainsi la chimie des hautes pressions. Afin de poursuivre ses recherches, il lui faut comprimer les gaz à de très fortes pressions. Sur le modèle des machines hydrauliques, il construit à Chenecières une presse, puis une seconde dans son laboratoire châtillonnais de la rue Saint-Jean. Il étudie la résistance des tubes de verres qu’il utilise pour construire les manomètres à mercure indispensables pour mesurer les hautes pressions.
 Ces manomètres lui permettent de prouver que les lois communément admises sur la compressibilité des gaz ne sont pas exactes. Au cours d’une tentative de compression de l’acétylène, son beau-frère, Firmin Darbois ouvre par inadvertance le robinet de décharge ; Cailletet constate alors que l’atmosphère contenue dans le tube de verre est trouble : il conclut rapidement que l’acétylène a été partiellement liquéfiée par le fort abaissement de température provoqué par la brusque détente (détente adiabatique). Il tente alors la liquéfaction de tous les gaz dits « permanents » à l’époque. Le 26 novembre 1877, il liquéfie le dioxyde d’azote, le 2 décembre l’oxygène, puis l’hydrogène. Il rend compte immédiatement de ces expériences à Sainte-Claire-Deville qui dépose sous pli cacheté ces résultats à l’Académie.
 C’est grâce à ce pli cacheté qu’il aura la paternité de la liquéfaction de l’oxygène, car il  publiera officiellement ses travaux deux jours après la publication du Suisse Raoul Pictet annonçant sa réussite dans la liquéfaction de l’oxygène.

Elu correspondant de l’Institut en 1877, il reçoit le prix Lacaze en 1883 et en 1884, il est admis à l’Académie des sciences, comme académicien libre, en remplacement de M. du Moncel. En 1891, il met au point, avec Ducretet, un cryogène permettant assez facilement d’atteindre des températures de -70 à -80°… La même année, avec Eiffel, il réalise le grand manomètre de la célèbre tour dans laquelle il possède un laboratoire au deuxième étage où il réalise des expériences sur la résistance de l’air et la chute des corps. En 1895, il adresse une note à la Société française de Physique, dont il a été le président en 1895, sur un procédé de soudure du verre et de la porcelaine sur des métaux. Deux ans plus tard, un appareil avec ouverture minutée soulevé par un ballon-sonde lui permet d’être le premier à prélever et analyser l’air de la haute atmosphère. En 1900, il réalise la première photographie du sol depuis un ballon afin de déterminer son altitude en mesurant sur le cliché la distance entre deux points bien repérés au sol. L’année suivante, il invente un masque à gaz permettant d’inhaler de l’oxygène, stocké sous forme liquide dans des bouteilles, aux hautes altitudes atteintes par les aérostiers. En 1903, il est élu Président de l’Aéroclub de France. Décédé à Paris le 5 janvier 1913, il repose au cimetière Saint-Vorles de Châtillon. Un monument a été inauguré à Chenecières en 1957.- MJ