Edme-Marie-Gustave Tridon est né à Châtillon-sur-Seine le 1er janvier 1841 dans une famille de la bourgeoisie aisée. Il partit faire des études de droit à Paris où il s’installa sans exercer son métier d’avocat. Très hostile au Second Empire, libertaire, il écrit, en 1864, Les Hébertistes, plainte contre une calomnie de l’histoire, publié à compte d’auteur et sanctionné par un court séjour en prison où il rencontre Auguste Blanqui et se lie d’amitié avec lui. Durant les cinq années suivantes, il fonde et finance deux périodiques éphémères, Candide (3 mai 1865, 8 numéros dont certains tirés à plus de 10 000 exemplaires) et La Critique (1867), qui lui valent d’autres condamnations à la prison.
Républicain radical, athée, socialiste révolutionnaire, il participe à la 1ère Internationale et assiste au congrès de Genève (1866) où il s’oppose aux Proudhoniens et à celui de Bruxelles (1868) d’où de nouvelles condamnations à la prison. Impliqué dans des poursuites politiques contre une société secrète inexistante (le procès de Blois en 1870), il s’exile en Belgique, publie Gironde et Girondins : la Gironde en 1793 et en 1869, et ne rentre en France que le 4 septembre 1870, jour de la proclamation de la République.
Il soutient le journal d’Auguste Blanqui La Patrie en danger (septembre-décembre 1870). Après l’échec de la tentative de désencerclement de la capitale assiégée par les Prussiens, le 31 octobre 1870, la Commune de Paris s’organise, G. Tridon fait partie du Comité central élu le 30 décembre et il est l’un des quatre rédacteurs de l’Affiche rouge. Il est élu député de la Côte-d’Or à l’Assemblée nationale. Il y siège, à Bordeaux, du 8 février au 3 mars 1871 date à laquelle il démissionne après avoir voté contre les préliminaires de paix ; il part avec les représentants d’Alsace, Lorraine et Vosges et s’en explique dans À ses concitoyens de Côte-d’Or.
Il revient à Paris le 28 mars 1871, prend une part active à la Commune, mais parfois dans des courants minoritaires. D’une constitution très fragile, prenant peu soin de lui, malade, « presque mourant », il s’enfuit en Belgique où il meurt le 29 août 1871 à 30 ans, après à peine sept ans de vie politique active.
Malgré la brièveté de sa vie, il n’a pas été oublié et plusieurs de ses écrits ont été publiés après sa mort, notamment en 1884 Du molochisme juif, études critiques et philosophiques, livre violemment antisémite, représentatif de ce courant actif chez les penseurs de gauche au XIXe siècle et, en 1891, des Œuvres diverses préfacées par L. Watteau. Son nom a été donné à une rue de Châtillon-sur-Seine. – CL
Notice « Tridon Gustave », Dictionnaire Maitron (en ligne) ; – Bernard Noël, Dictionnaire de la Commune, Paris, Flammarion, 1978 ; – Marc Crapez, L’antisémitisme de gauche au XIXe siècle, Paris, Berg int., 2002.