LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

1814 ● Décès de Georges Jacob, ébéniste

L’anniversaire de la mort de ce célèbre ébéniste est l’occasion de souligner à la fois son œuvre considérable, son histoire familiale, sa dynastie et sa descendance toujours présente. De nos jours encore, les terres possédées par cette famille d’origine rurale et icaunaise sont toujours cultivées. Tous les travaux consacrés à Georges Jacob mentionnent sa naissance à Cheny dans l’Yonne le 6 juillet 1739, où une rue porte son nom, dans une famille de « laboureurs » puis, à la mort de son père Etienne en 1755, son accueil à Paris par sa tante Madeleine Jacob « veuve d’un charcutier de la rue de Charenton dans le faubourg Saint Antoine ». À l’âge de 16 ans commence pour ce jeune orphelin une carrière exceptionnelle de menuisier-ébéniste aux étapes significatives : apprenti en 1756, puis compagnon et enfin maître en 1765 grâce à la réalisation d’un siège en bois doré. Après avoir installé ses ateliers rue Meslée en 1775, il réalisera de nombreuses commandes, inspirées de l’Antiquité gréco-romaine à partir des dessins de Louis David, pour la reine Marie-Antoinette, les frères du roi Louis XVI et notamment le comte de Provence qui le nomma en 1781 son « ébéniste ordinaire ». L’amitié avec David lui permit de ne pas être trop inquiété pendant la période révolutionnaire et il sut d’ailleurs fort bien revenir à ses sources rurales bourguignonnes en faisant abattre de nombreux noyers pour fournir généreusement des crosses de fusils aux armées de la Révolution… Mais cette même Révolution le mit dans une situation financière difficile car de nombreux membres de la famille royale émigrèrent sans payer leurs commandes, dont le comte d’Artois qui lui devait à lui seul 85 000 livres et il fit banqueroute en 1796. Il transmit alors ses ateliers à ses deux fils. À la mort de l’un des deux, en 1803, il fonda avec l’autre, François-Honoré, une société appelée Jacob-Desmalters et Cie. Ce terme « Desmalters » est une seconde référence à l’une des terres que la famille Jacob possédait alors à Cheny : les Malterres. Un descendant de la famille, Rémy Gaillard, fils de Jeanne Gaillard née Jacob, la cultive toujours. Interrogé sur le sens de ce toponyme, il admet que cette terre est « difficile à travailler par suite d’une teneur en argile importante et d’un sol épais et profond sur sous-sol calcaire. Pendant 82 ans, de 1765 à 1847, la dynastie des Jacob réalisera sous tous les régimes, une production de sièges, de meubles considérable, avec un sens exceptionnel pour l’époque, de la création, de l’innovation, de l’association des bois exotiques, de la ferronnerie d’art, de la dorure. Ces œuvres innombrables, aujourd’hui très prisées, se répartissent dans les plus hautes instances de l’État et du mobilier national, les plus grands musées, les plus historiques châteaux et les demeures particulières : bureau du président et trône de Napoléon 1er au Sénat, chambre de l’impératrice Marie-Louise au château de Compiègne, berceau du roi de Rome au château de Fontainebleau…Georges Jacob mourut à Paris le 5 juillet 1814. – GM

Paul Lafond Paul, Une famille d’ébénistes français : les Jacob, le mobilier, de Louis XV à Louis-Philippe, Plon, 1894, 35 p. ; - Hector Lefuel, François-Honoré-Georges Jacob-Desmalters: ébéniste de Napoléon 1er et de Louis XVIII, A. Morancé, 1925, 461 p., ill.