LES CÉLÉBRATIONS DE BOURGOGNE

-1569 ● Décès de François de Coligny d’Andelot, colonel des armées royales, chef huguenot et reconstructeur du château de Tanlay

À Saintes, où les débris de l’armée protestante s’étaient repliés après la bataille de Jarnac, mourut le 27 mai 1569 François de Coligny d’Andelot. Fils de Gaspard Ier de Coligny et de Marie-Louise de Montmorency, elle-même sœur du connétable Anne de Montmorency, il était né à Châtillon-sur-Loing en 1521. Brillant militaire, il avait participé dès 1543, aux côtés de son frère Gaspard, aux campagnes opposant le royaume de France à l’Espagne et avait été fait chevalier par le roi à la bataille de Cérisoles. En 1547, il avait été mis à la tête des troupes envoyées en Écosse pour tenter de soutenir les droits de Marie Stuart, puis, la guerre ayant repris en Italie, il s’était, en 1551, retrouvé assiégé dans Parme par Charles Quint, qui l’avait retenu prisonnier à Milan jusqu’au traité de Vaucelles, en 1556. Il mit à profit cette longue réclusion pour lire la Bible, prendre peut-être quelques contacts avec Calvin et certainement s’initier à la vie et à l’art italiens.

De retour en France il se distingua à nouveau par sa conduite dans les guerres contre l’Espagne, mais aussi par ses propos enflammés sur la religion catholique, ce qui lui valut une nouvelle et brève incarcération sur ordre du roi Henri II. Désormais ouvertement converti à la Réforme, il y rallia ses deux frères aînés, le cardinal Odet de Coligny et l’amiral de France Gaspard de Coligny.

Tantôt engagé dans les armées royales, pendant les périodes d’accalmie des conflits religieux, tantôt chef de l’armée protestante, c’est à la tête de celle-ci qu’il mourra en 1569.

De sa mère, Marie-Louise de Montmorency, il avait hérité de la terre et du château de Tanlay, domaine que celle-ci s’était attachée à reconstituer. Le château médiéval étant en fort mauvais état, il entreprit à partir de 1555, de le reconstruire sur ses bases primitives. Et en fit, par intermittence, le refuge des chefs du parti protestant, y accueillant, entre autres, son frère Gaspard, qui l’aida à en financer les travaux. Ainsi furent édifiées l’aile gauche et la partie gauche du logis principal, ainsi que les deux tours qui en flanquent les angles extérieurs, dites respectivement tour de la Ligue et tour des Archives. L’architecte en serait Guillaume de Casenove, originaire de Saint-Florentin. Simultanément, à partir de 1558 fut édifié le « Petit château », situé à l’extérieur des douves et perpendiculairement à elles, dont le décor extérieur est d’un style résolument italien. Il constitue une magnifique entrée à l’ensemble du domaine.

Sur la coupole du dernier étage de la tour de la Ligue est peinte une scène symbolique inspirée d’un hymne de Ronsard, qui serait due à un artiste local ayant puisé ses modèles dans les œuvres des peintres de l’École de Fontainebleau. On y identifie, le roi Henri II, en Jupiter, Catherine de Médicis en Junon, Diane de Poitiers en Vénus, l’amiral de Coligny en Neptune, François de Coligny en Hercule, etc… Cette œuvre est restée inachevée, comme la construction du château qui ne reprendra qu’au XVIIe siècle, avec l’intervention du Dijonnais Le Muet, commandité par le surintendant des finances Particelli d’Émery, qui respecta le plan et le décor voulus par François d’Andelot.

Françoise Vignier, « Tanlay », Châteaux en terres bourguignonnes, Viévy, l’Escargot savant, 2012, p. 153-158.